De l'intensification à la précision
Les grandes lignes du congrès 2025 de l'ESMO confirment un tournant en oncologie : non seulement nos traitements sont de plus en plus précis, mais ils sont aussi utilisés de façon plus stratégique. La présentation du trastuzumab deruxtecan (T-DXd) dans le cancer du sein HER2+ précoce en est une belle illustration. L’étude DESTINY-Breast05 montre une réduction de près de moitié du risque de récidive par rapport au T-DM1. Impressionnant, sans aucun doute. Le message reste toutefois nuancé : le bénéfice thérapeutique dépend d’une gestion rigoureuse de la toxicité, et en particulier du risque de pneumopathie interstitielle. Traiter de manière ciblée signifie donc aussi sélectionner de manière ciblée.
L’accent se déplace aussi, dans le reste du paysage oncologique, du « plus de thérapie » vers une « thérapie mieux ciblée ». L’essor des inhibiteurs de points de contrôle (ICI) exige une meilleure gestion de la toxicité immunomédiée. Des initiatives comme la plateforme belge BITOX montrent comment une expertise multidisciplinaire peut faire la différence entre un parcours de soins interrompu et un profil de réponse optimal. Parallèlement, les preuves s’accumulent sur l’influence subtile de facteurs tels que la diversité du microbiote ou les interférences médicamenteuses sur les résultats de l’immunothérapie.
« L’avenir de l’oncologie repose sur la précision : le bon patient, le bon traitement, au bon moment. »
En outre, l’ère des protocoles thérapeutiques linéaires classiques est remise en question par des stratégies innovantes telles que l’immunothérapie néoadjuvante dans le mélanome, avec un bénéfice durable en termes de survie sans événement (EFS) et un moindre besoin de schémas adjuvants lourds, ainsi que par l’expansion rapide de la thérapie CAR-T à des lignes de traitement plus précoces dans les malignités lymphoïdes. Ces deux évolutions promettent non seulement une meilleure survie, mais aussi des parcours de soins plus rationnels.
Enfin, la montée en puissance de la thérapie par radioligands et de la radiothérapie adaptative montre que la précision ne se définit plus seulement au niveau moléculaire, mais aussi au niveau physique. La possibilité de limiter la toxicité sans compromettre l’efficacité thérapeutique saura convaincre dans la pratique.
Le fil conducteur ? L’avenir de l’oncologie ne réside pas tant dans l’intensification que dans la précision : le bon traitement au bon patient, au bon moment. Cela exige de l’expertise, de la concertation et, surtout, la volonté de repenser constamment les schémas établis.
