Médecine générale

Congrès du Collège de médecine générale

Vandenbroucke inflexible sur l'interdiction de CT-scan lombaire par les généralistes

Invité par le Collège de médecine générale (CMG) dans le cadre de son congrès ce vendredi à Charleroi, le ministre Frank Vandenbroucke a réaffirmé sa position quant à l'interdiction, annoncée il y a quelques jours, de prescription par les médecins généralistes d'examens d'imagerie par scanner pour les douleurs lombaires.

Congrès CMG 2025
© C.V.

En début de semaine, les organisations membres du Collège de médecine générale (CMG) faisaient part de leur indignation face à la nouvelle mesure du ministre de la Santé publique: l'interdiction, désormais, pour les médecins généralistes, de prescrire des CT-scans lombaires à leurs patients...

Cette mesure "nie le rôle de la première ligne de soins et décrédibilise la profession de généraliste", s'insurgeaient la SSMG, le GBO, l'Absym, la FAGW, la FAMGB, l'UCLouvain, l'ULB, l'ULiège, l'UNamur et l'AMGF par la voix du CMG.

Invité dans le cadre de la plénière politique du congrès annuel du CMG qui se tient ces vendredi et samedi à Charleroi, le ministre a d'emblée été mis sur le grill au sujet de cette mesure par le Dr Guy Delrée, président de la FAGW. 

"Une véritable humiliation"

"Votre récente décision de nous enlever la prescription des scanners de la colonne lombaire a été vécue comme une véritable gifle, une humiliation, une négation, tant de notre place dans le système de soins de santé que de nos compétences", a expliqué le médecin. "Sous des avis scientifiques ou de santé publique auxquels personne ici ne croit, cette mesure purement budgétaire porte atteinte à notre honneur, notre liberté thérapeutique, et aura plusieurs conséquences préjudiciables en termes de durée de prise en charge, notamment pour les infiltrations, les délais de résonance magnétique et l'accès à certains spécialistes, ainsi que l'augmentation de la durée et les incapacités de travail."

Et le Dr Delrée de poursuivre (avant un tonnerre d'applaudissements du parterre composé majoritairement de généralistes): "Certes, comme toujours, on peut trouver des gens qui abusent, mais au lieu de frapper tout le monde, y compris le patient en victime collatérale, voire principale, d'autres solutions plus justes auraient pu être mises en place. Monsieur le ministre Vandenbroucke, comment pouvez-vous justifier sincèrement cette mesure, sinon que par un espoir d'économie théorique et arbitraire?"

"Dépenser ces euros dans des priorités"

Après avoir essuyé quelques tirs d'effets Larsen, le ministre a pris la parole, armé de son flegme habituel. 

"Je ne vais pas m’épuiser dans des chiffres, il est clair qu'il y a une vraie exagération dans notre pays en ce qui concerne l'usage du CT-scan pour des problèmes de la colonne vertébrale. C'est ab-so-lu-ment clair. Il n'y a aucun doute que c'est beaucoup trop prescrit. Est-ce un problème purement budgétaire ? Non. C'est un problème de santé. Une IRM, c'est différent qu'un CT-scan en termes de radiations. Deuxièmement, chaque euro qu'on peut dépenser, je préfère le dépenser où sont les vraies priorités en termes de soins de santé, les besoins sont énormes."

"Cette idée qu'il y a d'un côté des débats purement budgétaires et de l'autre des priorités de santé, c'est une position complètement schizophrénique : dépenser un euro là où il ne faut pas le dépenser, c'est ne pas pouvoir le dépenser là où il est nécessaire. Le CT-scan est un exemple type. Je préfère dépenser l'argent ailleurs."

"Deuxièmement, on exagère énormément. Qu'est-ce qu'on peut faire ? Des procédures fort compliquées avec des autorisations par les mutuelles? Les rendre beaucoup plus chères pour les patients? Ou peut-être réfléchir sur le contexte dans lequel un CT-scan est vraiment nécessaire? Où est normalement le patient pour qui c'est nécessaire ? Est-ce qu'il se trouve tranquillement dans le cabinet d'un médecin ? Non, c’est un problème grave. Je peux vous dire les guidelines des Américains là-dessus, c'est clair et net."

Et Frank Vandenbroucke de continuer : "Qui a proposé ça ? Des économistes ? Non, c'est l'association des radiologues. C'est un copy-paste de leur proposition. Qui est visé ? Les médecins généralistes ? Non, les radiologues ont proposé de limiter la prescription à une série de spécialistes qui voient des patients chez qui le CT-scan est vraiment nécessaire. Est-ce agréable de prendre une telle mesure ? Non. Est-ce qu'on pourrait imaginer un monde où ce n'est pas nécessaire? Oui, un monde où tout un chacun est extrêmement scrupuleux et donc ne fait jamais quelque chose qu'il ne faut pas faire. Vous savez aussi devant un patient, ce n'est pas toujours chose facile. Vous êtes souvent sous pression."

"Les spécialistes peuvent aussi se sentir insultés"

"Délimiter la prescription de cet examen dans des contextes précis - qui généralement ne se trouvent pas dans le cabinet d'un médecin généraliste, avec un patient tranquillement assis - n'est pas une mauvaise idée des radiologues. Les généralistes ne sont pas les seuls visés, une série de spécialistes peuvent aussi se sentir insultés."

Et le ministre de conclure: "Ce n’est pas parfait comme mesure, ce n’est pas simple, mais une chose est claire : on investit énormément en soins de santé, en 2026 le budget augmente de 1,5 milliard. Je veux investir en soins de santé, mais simplement ouvrir les vannes et laisser l'eau couler, non. On va réutiliser l'argent où sont les vraies priorités."

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Écrit par Cécile Vrayenne21 novembre 2025
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