Le journal du médecin

470 millions d’économies : un chef d’œuvre d’autosatisfaction pour Vandenbroucke

Le Conseil général de l’Inami a adopté ce lundi le budget de l’Inami 2026. Le montant des économies étaient connues lorsque le comité de l’assurance a refusé de le voter : 150 millions pour les médecins, 50 millions pour les hôpitaux et 228 millions sur le budget des médicaments. Le ministre affirme toutefois dégager 1,5 milliard supplémentaire pour des initiatives nouvelles via la norme de croissance et l’indexation. Un chef d’œuvre d’autosatisfaction.

Nicolas de Pape

Vandenbroucke
© BelgaImage

 

Le ministre assure avoir utilisé « judicieusement les budgets disponibles, sur la base d’une approche scientifique, en évitant le gaspillage et en créant ainsi de la marge pour de nouveaux investissements (notamment une marge budgétaire pour pouvoir investir dans le personnel de soins en seconde moitié de législature) ». « Plus d’argent pour notre santé et plus de santé pour notre argent : c’est de cela qu’il s’agit. »

Objectif 2026 : 471 millions à trouver

Selon la grille de lecture du ministre, en 2026, la Belgique investira 1,566 milliard d’euros supplémentaires (norme de croissance de 2 % et indexation) dans les soins de santé, ce qui portera le budget à 41,297 milliards d’euros. « Cet investissement massif ne signifie toutefois pas que nous pouvons laisser les choses simplement suivre leur cours. Si nous laissons les vannes ouvertes et ne prenons aucune mesure pour utiliser les ressources solidaires de manière ciblée, nous risquons un fort dépassement du budget. »

Le ministre rappelle donc la lettre de mission dans laquelle les prestataires étaient invités à faire des propositions d’économies et des nouvelles initiatives. « En résumé, compte tenu des efforts déjà décidés et des estimations techniques de septembre, cela signifie que des interventions supplémentaires à hauteur de 470,775 millions d’euros sont nécessaires pour éviter un dérapage budgétaire. »

Voici la répartition des efforts. Peu de surprise :

  • Prestations médicales chez les médecins : 150 millions d’euros;
  • "Optimisation" du paysage hospitalier : 50 millions d’euros (selon santhea en réalité près de 160 millions);
  • Secteur pharmaceutique : 228 millions d’euros;
  • Autres secteurs (tels que les soins infirmiers à domicile, les kinésithérapeutes, etc.) : 47 millions d’euros.

ECONOMIES POUR LES MEDECINS

Vandenbroucke demande un effort pharaonique de 150 millions d’euros en mettant l’accent sur la biologie clinique, l’imagerie médicale, la chirurgie et les prestations spéciales.

« L’argent doit aller là où il est nécessaire »

« L’argent doit aller là où il est nécessaire », postule Frank Vandenbroucke. « En matière d’imagerie médicale, il a été décidé que les examens CT de la colonne vertébrale (hernie, arthrose...) qui, s’ils sont trop répétés, ne sont pas bons pour le patient en raison de l’exposition aux rayonnements, ne pourront plus être prescrits que par un certain nombre de spécialistes (notamment en neurochirurgie, neurologie, orthopédie, médecine physique, médecine d’urgence et rhumatologie). Cela devrait permettre de réduire le nombre d’examens inutiles. » Economies espérées : 38,3 millions d’euros.

Le ministre espère également 26,6 millions d’économies en biologie clinique. Tout simplement en adaptant les remboursements et les prestations techniques « en tenant compte des marges bénéficiaires existantes dans les laboratoires ».

L’aide opératoire en chirurgie est réformée. Pour le moment elle est facturée automatiquement. Mais elle n’est plus nécessaire pour toutes les opérations. « La mesure a un impact de 36,5 millions d’euros, dont 16,5 millions d’euros sont réinvestis dans des interventions où une aide chirurgicale supplémentaire est effectivement nécessaire. »

Sans la chiffrer, le ministre espère des associations professionnelles qu’elles fassent des propositions pour une utilisation « plus responsable » de l’ECG et l’échographie. Les remboursements seront adaptés en conséquence.

Révision de l’accréditation

Vandenbroucke veut booster l’accréditation dont le fer de lance est la formation continue. Les conditions seront toutefois « plus strictes », pose le ministre sans plus ample précision. La différence entre les honoraires des médecins agréés et accrédités sera plus élevée. Ce sera aux médecins des organismes assureurs de faire des propositions à cet égard. Date-butoir : septembre 2026. 

En outre, si les médecins ne respectent pas le principe d’une prescription « rationnelle » (adjectif également entendu depuis deux décennies), 16 millions d’euros seront retenus sur la masse d’index.

Le Conseil général souligne à nouveau l’importance d’une bonne organisation des gardes en médecine générale. Triage indispensable par téléphone dans les PMG par un médecin généraliste ; utilisation du 1733 ; collaboration entre les cercles de MG et les services d’urgence ; conseils par téléphone.

ECONOMIES DANS LE SECTEUR DES HÔPITAUX

« Le secteur hospitalier est chargé de revoir le financement des hôpitaux de jour d’ici le 1er janvier 2027 au plus tard, en vue de réaliser des gains d’efficience à hauteur de 47 millions d’euros. Dans l’attente, le budget des hôpitaux sera réduit d’un montant équivalent en 2026. »

« En 2025, ce sont 580 millions d'euros supplémentaires que les hôpitaux ont reçus plus vite pour régler les arriérés du passé."

Cuits à l’étouffée les hôpitaux ? Les montants de rattrapage, affirme Vandenbroucke, sont versés plus vite et augmentent la liquidité des hôpitaux.  « En 2025, ce sont 580 millions d'euros supplémentaires que les hôpitaux ont reçus plus vite pour régler les arriérés du passé (dus aux décomptes définitifs qui doivent être effectués), soit environ 240 millions de plus qu'en 2024 et près de 400 millions de plus qu'en 2023. Pour 2026, on table actuellement sur 275 millions d'euros. »

Lire l'opinion de santhea sur le budget : « Un nouveau coup dur pour les hôpitaux » : santhea calcule que l'effort sera bien plus important : 160 millions avec les économies indirectes. 

ECONOMIES DANS LE SECTEUR DES MEDICAMENTS

Les économies dans le secteur du médicament se justifient selon le ministre par le fait que « la hausse des dépenses pharmaceutiques représenterait cette année 64 % de la norme de croissance. Dans l’accord de gouvernement, il a été décidé de lutter contre le gaspillage des médicaments et de prescrire et de rembourser de manière plus ciblée et plus précise. Nous voulons plus de santé pour notre argent. C’est pourquoi le cadre pluriannuel pharmaceutique a été établi plus tôt cette année ».

Si les économies de 228 millions ne sont pas atteintes, le secteur devra combler lui-même par un prélèvement sur le chiffre d’affaires des firmes (une méthode déjà utilisée à maintes reprises dans l’histoire). En parallèle, l’Inami percevra 80 millions d’euros auprès des firmes pharma grâce à une réduction obligatoire de prix appliquée sur les médicaments eux-mêmes.

En parallèle, le ministre active « le plan d’action national belge contre la résistance aux antimicrobiens » qui comprend plusieurs mesures visant à rationaliser l’utilisation des antibiotiques.

Les hôpitaux pourront renforcer leurs capacités à fixer des tarifs avantageux avec les firmes via adjudication publique. On pourra prescrire également le médicament le moins cher. 42 millions d’économies sont attendus par cette voie.

Pour doper les traitements innovants remboursés via la procédure « Early and Equitable Fast Access », chacun devra débourser au moins 2 euros par boîte (et 1 euro pour les BIMs).

Maximum à facturer

L’invention originelle du ministre Vandenbroucke lors de ses mandats précédents il y a des années déjà, le maximum à facturer (qui limite le ticket modérateur déboursé par rapport au revenu), est étendu aux médicaments Cs et Cx (antiallergiques, etc.). Toutefois, le ministre introduit un ticket modérateur minimum ici aussi.

Les antiacides dont les Belges « raffolent » (un Belge sur cinq en prend, 3e champion d’Europe) sont dans le viseur. « Entre 2004 et 2017, leur consommation a triplé et elle continue d’augmenter d’année en année. »  Les antiacides de la catégorie de remboursement B sont donc transférés vers la catégorie Cx. Effort espéré :  53,9 millions d’euros.

Autre transfert : le remboursement des médicaments hypocholestérolémiants, tels que les statines, l’ézétimibe et leurs combinaisons, sera désormais traité dans la catégorie de remboursement C. Le ministre soutient que le sport et le mode de vie sont plus efficaces contre le cholestérol et que les patients abandonnent le traitement en cours de route.  Effort : 29,4 millions d’euros.

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Écrit par Nicolas de Pape20 octobre 2025

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