Fondation contre le cancer
Le cancer du pénis, trop tabou et méconnu
À l'occasion de 'Movember', le mois de sensibilisation aux cancers masculins, la Fondation contre le cancer tire la sonnette d'alarme sur un cancer rare mais potentiellement très agressif: celui du pénis. Méconnu et encore tabou, son diagnostic tardif augmente les risques pour les patients.
En 2023, 133 nouveaux diagnostics de cancer du pénis ont été enregistrés en Belgique, et 28 décès dénombrés l'année auparavant, selon le Registre du cancer. En 20 ans, le nombre de cas a augmenté d’environ 1,66% par an. L’âge moyen au moment du diagnostic est de 71 ans, et le taux de survie à cinq ans est de 70%, indiquant l’importance de la détection précoce. "Au cours des cinq dernières années, 414 hommes ont été diagnostiqués atteints par ce cancer", explique la Fondation contre le cancer.
"Le cancer du pénis est très dangereux. Si des métastases ganglionnaires sont déjà largement présentes au moment du diagnostic, le taux de survie à cinq ans peut tomber à 35%, et en présence de métastases dans d’autres organes, la survie à cinq ans est quasi inexistante", explique le Pr Maarten Albersen, urologue-oncologue à l’UZ Leuven. "Cela le rend beaucoup plus agressif que de nombreux autres cancers."
Rare et tabou: on passe à côté...
Le cancer du pénis est souvent diagnostiqué tardivement, notamment à cause de la gêne/du silence autour des symptômes génitaux. Pourtant, une détection précoce et une prise en charge rapide permettent souvent un traitement efficace.
Les symptômes qui doivent alerter :
- Modifications de la peau du pénis (épaississement, plaie qui ne guérit pas, verrue, changement de couleur) ;
- Saignement, écoulement malodorant, gonflement de l’extrémité, masse dans le pli de l’aine, douleur ou démangeaison.
"Le tabou autour des cancers masculins, en particulier ceux touchant les organes génitaux, retarde parfois la consultation", confirme la Dre Veronique Le Ray, directrice médicale de la Fondation contre le cancer.
"En parler, s’informer et prévenir, c’est déjà se protéger."
Il est important que les professionnels de santé puissent poser ce diagnostic dès l’apparition des symptômes mais parce qu’il est très rare, ils passent bien souvent à côté. De nombreux patients ont déjà subi des traitements pour des infections bénignes avant que le cancer ne soit détecté. "Or, dès qu’un cancer du pénis est suspecté, il est crucial que le patient soit orienté vers un centre de référence. La détection précoce permet un taux de survie bien meilleur si le cancer n’a pas encore formé de métastases."
Rare mais évitable dans la moitié des cas
Environ la moitié des cas sont liés à une infection chronique par le HPV, aussi connu pour son rôle dans le développement du cancer du col de l’utérus.
Lorsqu’elle devient chronique, l’infection peut entraîner des lésions persistantes susceptibles d’évoluer en tumeur, parfois plusieurs décennies plus tard. Pour réduire le risque de ce cancer chez les générations futures, la Fondation contre le cancer rappelle les programmes de vaccination gratuite (jusqu’à 19 ans) contre le HPV proposés également aux garçons.
Outre le HPV, d'autres facteurs peuvent augmenter le risque de cancer du pénis :
• Phimosis et inflammation chronique du gland ;
• Lichen scléreux, maladie dermatologique chronique ;
• Tabagisme ;
• Antécédents d’infections ou de lésions génitales ;
• Exposition à certaines photothérapies UVA.