Le journal du médecin

Intelligence artificielle et pratique médicale: promouvoir l’IA est-il éthique ?

IA et éthiqueLe recours à l’IA, d’une facilité et d’une efficacité déconcertantes, n’est neutre ni pour la sauvegarde de la planète, des équilibres sociétaux ou professionnels, ni pour le développement de nos propres capacités de raisonnement ou d’approche diagnostique.

Derrière chaque réponse instantanée se cachent des serveurs énergivores, voraces en ressources minérales extraites au prix de désastres environnementaux. L’IA promet efficacité et optimisation, mais son empreinte carbone menace d’annuler ses bénéfices.

Une empreinte écologique non négligeable

Peut-on célébrer un progrès qui alourdit le fardeau écologique déjà insoutenable ?  En 2023 déjà, une étude de l’université de Californie estimait qu’entraîner un seul grand modèle d’IA pouvait générer jusqu’à 300 tonnes de CO₂, l’équivalent de 125 allers-retours Paris–New York en avion.  Ce n’était qu’un début ! L'enjeu majeur actuel est sa trajectoire de croissance. Un rapport récent (Shift Project, 1er octobre 2025) évoque une consommation électrique des centres de données qui devrait tripler d’ici à 2030. Ce qui n’est guère soutenable même si le bilan carbone total de l'IA reste pour l'instant inférieur aux secteurs traditionnels des transports routier aérien et du chauffage.

L’impact sur la consommation d’eau n’est pas moins inquiétant, le refroidissement des centres de données actuels nécessitant autant que 40 grandes villes d’un million d’habitants. Situation d’autant plus problématique que ces centres s’implantent dans des zones déjà en situation de stress hydrique élevé. La nécessité de n’utiliser que de l’eau douce non corrosive pour la tuyauterie ajoute une pression complémentaire.

« La vraie question n’est pas de savoir si les machines peuvent penser, mais si les humains le feront encore. »  - B. F. Skinner

Last but not least, la renaissance du nucléaire en forte croissance pour assurer un approvisionnement électrique stable. À chacun sa centrale : Microsoft relance un des deux réacteurs (stoppés) du site de Three Mile Island, Meta signe un accord de fourniture d’électricité avec la centrale nucléaire de Constellation. Amazon envisage quatre petits réacteurs de 320 mégawatts pouvant être porté à 960. Google en développe sept, et la liste n’est pas close.

Entre autonomie et dépendance, une délicieuse illusion de puissance

Jamais une technologie ne s’est diffusée aussi vite que l’intelligence artificielle. Outil d’assistance, d’analyse, de création, elle interroge notre autonomie, dans une délicieuse illusion de puissance ; à force de lui déléguer nos décisions et la résolution de nos tâches courantes, ne risquons-nous pas de perdre le goût de l’effort, du sens  critique, de la réflexion personnelle et de la nécessité de l’apprentissage ? Pourquoi encore apprendre quand on a au bout des doigts une réponse à la moindre de nos questions ? Quand le confort supplante l’effort, le danger est réel de voir l’autonomie individuelle s’effriter, anesthésiée par l’absence de confrontation au doute et à la complexité des situations de vie. 

Offrir du rêve ou le chant des sirènes

Améliorer la productivité, le bien-être de chacun et apporter des solutions aux défis mondiaux (changement climatique, épuisement des ressources et crises sanitaires) : l’IA sait se faire séductrice. Ce chant des sirènes guide nos sociétés, occultant la réalité que rien n’est moins égalitaire, altruiste ou humain que la concentration entre les mains de quelques entreprises de la transmission de la connaissance, de la culture et du pouvoir d’influence. Comment assurer une diffusion équitable de ces outils afin de ne pas voir s’aggraver la fracture numérique ? Par ailleurs, qui sera responsable des erreurs ou des mauvais choix dictés par le recours aux outils conversationnels : l’utilisateur, le concepteur, l’entreprise, le médecin ou l’algorithme ?

L’IA nous promet d’alléger les tâches répétitives, le travail fastidieux en libérant du temps. Mais en même temps, des professions disparaissent, y compris dans les spécialités médicales. Comment préserver l’attrait d’un travail créatif dans un monde où l’IA peut accomplir toujours plus, et à moindre coût ?

Levier d’émancipation ou accélérateur d’inégalités ?                           

L’enjeu est de taille : que voulons-nous devenir ?  Un humain assisté, dépendant des machines ? Un humain augmenté, utilisant l’IA comme un levier d’émancipation ? Ou un humain relégué, dont les décisions n’ont plus de poids ? L’explosion des recours à l’IA constitue une opportunité immense, mais elle porte en elle le risque d’un déséquilibre entre maîtrise et aliénation. L’éthique nous invite à poser sans cesse ces questions : quand l’IA nous libère-t-elle, et quand nous appauvrit-elle ? Où placer la limite de ce que nous refusons de déléguer, en exigeant transparence, équité et durabilité ? Allons-nous l’utiliser comme un levier d’émancipation et de sobriété, ou comme un accélérateur d’inégalités et de destruction environnementale ?  L’IA ne doit pas nous dicter l’avenir : elle doit nous obliger à le penser.

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Geschreven door Dr Carl Vanwelde, médecin généraliste9 oktober 2025

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