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Le diagnostic précoce de la fibrose pulmonaire idiopathique : un enjeu majeur

ZOOM - La fibrose pulmonaire idiopathique est une pneumopathie interstitielle chronique, progressive et létale. Son diagnostic précoce constitue un enjeu majeur car les retards diagnostiques restent fréquents et réduisent les chances de bénéficier pleinement des avancées thérapeutiques.

fibrose pulmonaire idiopathiqueSans traitement, la survie médiane de la fibrose pulmonaire idiopathique (FPI) n’excède généralement pas trois à cinq ans après le diagnostic. Les retards de prise en charge s’expliquent en partie par la difficulté diagnostique. En effet, les symptômes initiaux sont peu spécifiques (dyspnée d’effort, toux sèche, crépitants inspiratoires) et fréquemment attribués à d’autres affections telles que l’asthme, la BPCO ou une cardiopathie. Plusieurs études [1-4] rapportent un délai médian d’environ deux ans entre les premiers signes cliniques et la confirmation diagnostique, avec une proportion non négligeable de patients dépassant cinq ans.

Vers une définition de la « FPI précoce »

L’introduction des antifibrotiques (pirfénidone, nintédanib) a profondément modifié le pronostic de la FPI. Ces traitements ralentissent le déclin fonctionnel et prolongent la survie, mais n’agissent pas sur le tissu pulmonaire déjà détruit. Leur bénéfice maximal est observé lorsque le diagnostic est posé précocement, en particulier chez les patients dont la fonction respiratoire est encore préservée.

Le diagnostic de la FPI repose sur plusieurs étapes : l’exclusion d’autres causes de pneumopathie interstitielle diffuse, l’identification d’un pattern d’Usual Interstitial Pneumonia (UIP) au scanner thoracique haute résolution (HRCT) ou, dans certains cas, à l’étude histologique pulmonaire, puis la validation du diagnostic lors d’une réunion multidisciplinaire.

Ces démarches, souvent complexes et chronophages, contribuent à des retards fréquents de prise en charge. Plusieurs auteurs soulignent ainsi l’intérêt de mieux caractériser les formes précoces de la maladie. En effet, poser le diagnostic précoce de la FPI permet d’initier plus tôt un traitement antifibrotique, limitant la progression de la fibrose et améliorant la qualité de vie des patients. Cependant, il n’existe pas encore de définition officiellement reconnue de la FPI précoce.

Certaines revues récentes en proposent une approche provisoire : il s’agirait d’un stade où le scanner thoracique montre des anomalies interstitielles limitées, avec un score de fibrose inférieur à 10%, où un pattern UIP ou probable UIP peut être présent ou absent sur l’imagerie mais déjà observé à l’histopathologie sur une biopsie pulmonaire.

Les auteurs précisent que ce diagnostic doit rester provisoire et être réévalué au cours du suivi, notamment en cas de régression radiologique ou de découverte d’une autre étiologie de pneumopathie interstitielle diffuse.

Les nouvelles approches du diagnostic précoce

Le scanner thoracique haute résolution (HRCT) reste l’outil central du diagnostic. Mais son interprétation, fondée sur la lecture visuelle du radiologue, demeure subjective et exposée à une variabilité inter-observateurs. Les algorithmes d’intelligence artificielle, notamment de deep learning, ouvrent de nouvelles perspectives : ils permettent désormais de détecter des anomalies interstitielles subtiles non perceptibles à l’œil nu, d’identifier des biomarqueurs radiologiques précoces et d’accélérer une interprétation standardisée des images. Ces approches promettent une détection plus rapide et plus homogène des formes débutantes de FPI, ouvrant la voie à un diagnostic plus fiable et reproductible.

« Le diagnostic précoce de la FPI permet d’initier plus tôt un traitement antifibrotique, limitant la progression de la fibrose et améliorant la qualité de vie des patients. »

La biopsie pulmonaire chirurgicale reste la référence histologique, mais son caractère invasif conduit souvent à différer ou éviter le geste chez les patients fragiles, retardant le diagnostic. La cryobiopsie transbronchique (TBLC), moins risquée que la biopsie chirurgicale, constitue une alternative possible, mais uniquement dans les centres expérimentés dans sa réalisation et l’interprétation des données histopathologiques. Son association au classificateur génomique Envisia, qui analyse l’expression de 190 gènes sur le tissu prélevé, améliore la confiance diagnostique grâce à sa spécificité élevée. Enfin, l’endobronchial optical coherence tomography (EB-OCT), une imagerie optique mini-invasive, a montré d’excellentes performances dans de petites séries et pourrait, à terme, réduire le recours à la biopsie. Ces techniques, en rendant la confirmation du diagnostic plus sûre et potentiellement plus rapide, pourraient contribuer à diminuer les retards diagnostiques.

Les crépitants dits « Velcro », souvent audibles avant l’apparition d’un pattern UIP au scanner, constituent un marqueur clinique sensible. Leur détection automatisée par des méthodes d’intelligence artificielle est en cours de validation et pourrait renforcer le dépistage des FPI précoces. Plusieurs biomarqueurs sériques (MMP-7, SP-A, KL-6, cCK-18) sont prometteurs pour distinguer ou suivre la FPI, bien que leur usage de routine dans le diagnostic précoce reste à établir.

Sur le plan génétique, le polymorphisme du promoteur MUC5B demeure l’association la plus robuste avec la FPI et les anomalies interstitielles, ouvrant la voie à l’identification de sujets à risque. À terme, l’intégration de ces paramètres dans des algorithmes prédictifs pourrait aider à repérer plus tôt les patients à haut risque.

Références
1. Hoyer N et al. Diagnostic delay in IPF impacts PFS, QOL and hospitalisation rates. BMJ Open Respir Res. 2022;9(1):e001276
2. Spagnolo P et al. Early diagnosis of fibrotic interstitial lung disease: challenges and opportunities. Eur Respir Rev. 2022;31(164):210230
3. Stanel SC et al. Present and future perspectives in early diagnosis and monitoring for progressive fibrosing interstitial lung diseases. Front Med (Lausanne). 2023;10:1114722
4. Wang X et al. Diagnosis of early IPF: current status and future perspective. Respir Res. 2025;26:192

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Écrit par Dr Jonathan Munos3 novembre 2025
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