Ouvrez l’œil, M. le ministre !
Aux 60 ans du GBO, samedi 18 octobre, il fallait soit être l’orateur, soit avoir un œil de photographe pour remarquer que Frank Vandenbroucke, assis au premier rang de l’audience, a fermé les siens pendant quelques minutes. On dira que c’était pour se concentrer sur le discours qu’il allait livrer à ce parterre de médecins généralistes quelques minutes plus tard.
« Je crois que le rôle des syndicats est absolument essentiel pour la confiance entre les autorités publiques et le monde des médecins », ronronnera le ministre, non sans lancer un certain nombre de piques à peine voilées à l’adresse de ces derniers, pas dupes de ce qui était en train de se passer.
Deux jours plus tard, malgré un refus en Comité de l’assurance, le ministre fait passer à coup de bélier sa proposition de budget, adoptée par le Conseil général de l’Inami. L’ambivalence du ministre, dans son discours et sa méthode, frappe mais n’étonne plus. Du côté de l’Absym, on regrette ce nouveau passage en force : « La manière n’y est pas. »
Cela va pourtant bien au-delà d’une question de manières. Quand le ministre socialiste étouffe la concertation paritaire à la base du modèle, il prive d’oxygène l’hémisphère droit du cerveau… et risque une paralysie partielle, voire totale, du système. Car si aucun des syndicats n’agite à ce stade la menace d’une nouvelle grève, ils ne l’excluent pas totalement pour autant. Et malgré toute son ambition, on peut douter de la capacité de l’hémisphère gauche à administrer le système tout seul. En s’isolant des syndicats et du terrain, Vandenbroucke traite les problèmes un à la fois mais court le risque de se priver d’une vision globale.
Comme on n’est pas neurologue, on arrêtera là la métaphore filée et on se contentera de recommander au ministre de rester prudent, de ne pas perdre le lien avec le terrain… et d’ouvrir l’œil.