Le lobby ne veut pas d'un avertissement sanitaire absolu

Le lobby de l'alcool a tenté d'influencer Sciensano

Le lobby des négociants en alcool belges a tenté d'influencer Sciensano avec une étude scientifique douteuse qui met en doute les effets négatifs de l'alcool sur la santé. C'est ce qu'écrit aujourd'hui De Tijd.

Vinum Et Spiritus, le lobby belge du secteur des vins et spiritueux, a contacté Sciensano au début de cette année. Il l'a fait après que Sciensano a publié un rapport indiquant que le nombre de décès liés à l'alcool en Belgique continuait d'augmenter.

Contre l'avertissement sanitaire

Selon les recherches menées par De Tijd, Vinum Et Spiritus souhaitait présenter une étude réalisée par le chercheur autrichien Gregor Zwirn. Il reconnaît que l'alcool peut provoquer certains types de cancer, mais il pense que c'est aller trop loin que d'affirmer qu'une faible consommation d'alcool nuit également à la santé.

C'est précisément le message qui, selon l'accord de coalition, doit figurer sur chaque bouteille ou emballage : "L'alcool nuit à la santé", au grand dam de Vinum Et Spiritus.

Les journalistes de De Tijd ont noté que Zwirn n'est pas un scientifique de la santé mais un économiste. Par l'intermédiaire de son cabinet de conseil, il produit depuis 2014 des rapports commandés par Spirits Europe, l'organisation européenne de lobbying de l'industrie des spiritueux.

Dans son étude, Zwirn apporte également une lecture sélective et incomplète des conseils du Fonds mondial de recherche sur le cancer (WCRF), note De Tijd. "Pour la prévention du cancer, il est préférable de ne pas boire d'alcool", écrit cette organisation.

La porte est restée fermée

Sciensano a refusé de recevoir Zwirn parce que l'institut ne veut pas avoir de contacts directs avec les sociétés d'alcool et leurs fédérations pour des raisons déontologiques. Selon De Tijd, Vinum Et Spiritus a fait part de son mécontentement au cabinet de la ministre Vandenbroucke.

"Nous pensons que souligner la distinction entre une consommation modérée et une consommation nocive est beaucoup plus efficace qu'un discours du type 'pas de seuil de sécurité'", a déclaré Julie Galot, porte-parole de Vinum et Spiritus, à De Tijd.

Le Conseil supérieur de la Santé souligne que toute consommation d'alcool a des effets négatifs sur la santé.