Congrès EACS 2025
Cabotégravir-rilpivirine: efficace chez les patients du « premier jour »
Présentée dans le cadre du congrès EACS 2025, une étude espagnole basée sur la cohorte RELATIVITY montre que le passage vers un traitement injectable à longue durée d’action associant cabotégravir-rilpivirine (CAB/RPV) assure une suppression virale durable chez les jeunes adultes infectés à la naissance. Malgré des parcours thérapeutiques souvent longs et complexes, les résultats observés se sont révélés comparables à ceux obtenus auprès de leurs pairs infectés par voie horizontale.

Les jeunes adultes infectés à la naissance constituent un groupe particulier dans la prise en charge du VIH. Exposés dès l’enfance aux traitements antirétroviraux, ils ont connu de multiples schémas thérapeutiques souvent associés à des résistances et à une fatigue médicamenteuse importante.
L’étude RELATIVITY, conduite en Espagne, visait à déterminer si le passage vers un schéma injectable à longue durée d’action associant CAB/RPV pouvait constituer une alternative sûre et efficace sur le plan virologique pour ces patients une fois atteint l’âge adulte.
Des profils différents, une cohorte équilibrée
Au total, 56 jeunes adultes ont été inclus: 28 avaient été infectés à la naissance, et 28 par voie horizontale. L’âge moyen était comparable entre les deux groupes, autour de 27 ans.
Les participants infectés à la naissance étaient majoritairement des femmes (57%) et affichaient un parcours thérapeutique beaucoup plus long: 25 ans de traitement antirétroviral en moyenne, contre trois ans chez ceux infectés par voie horizontale. De plus, on constate que chez les patients infectés à la naissance, les antécédents d’échec virologique étaient plus fréquents (25%, vs 3,6%), de même que la présence de mutations de résistance, notamment M184V (31%, vs 0%).
Alléger la contrainte du traitement
Le passage au CAB/RPV visait avant tout à réduire la contrainte liée au traitement oral quotidien. Tous les 58 participants présentaient une charge virale indétectable avant le passage à l’injectable. La durée moyenne d’indétectabilité atteignait 72 mois chez les jeunes infectés à la naissance, contre 24 mois chez les patients infectés par voie horizontale.
Efficacité virologique confirmée
Les résultats montrent qu’après sept mois de suivi, aucun participant dans les deux groupes ne présentait de charge virale détectable (> 50 copies). A 13 mois, seul un rebond virologique a été observé dans le groupe des jeunes infectés à la naissance et aucun dans l’autre groupe. Au total, un seul échec virologique a été recensé parmi les 56 participants. Il a été observé au sein du groupe des patients infectés à la naissance.
Bonne tolérance et maintien du traitement
Le traitement a été globalement bien toléré. Les interruptions de traitement restaient rares: trois cas chez les jeunes infectés à la naissance (échec virologique, désir de grossesse, non-respect des visites planifiées) et quatre chez les patients infectés par voie horizontale.
Le délai médian avant arrêt était plus long chez les jeunes infectés à la naissance (12 mois vs 3,7 mois), témoignant d’une bonne acceptabilité de la stratégie injectable. Malgré des parcours thérapeutiques plus longs et la présence fréquente de mutations de résistance, les jeunes adultes infectés à la naissance ont présenté une réponse virologique équivalente à celle des participants infectés par voie horizontale. Aucun nouveau signal de résistance n’a été observé sous CAB/RPV soutenant la fiabilité du schéma à long terme.
Vers une nouvelle approche du suivi
Au final, l’étude RELATIVITY démontre que le traitement injectable à longue durée d’action CAB/RPV est efficace et bien toléré chez les jeunes adultes infectés à la naissance.
Ces résultats confirment qu’une stratégie thérapeutique allégée, jusque-là réservée à des profils plus simples, peut être envisagée pour une population restée longtemps en marge des innovations thérapeutiques. Pour ces jeunes adultes, habitués depuis l’enfance à une observance stricte, la possibilité de passer à une injection de cabotegravir/rilpivirine tous les deux mois marque un tournant en ouvrant la voie à une prise en charge plus simple, plus souple et mieux adaptée à leur vie quotidienne.
Réf: Bernardino J.I. et al. Abstract oral O2.2, EACS 2025, Paris.
