Troubles du sommeil chez l’enfant
Quand la mélatonine prend la place des routines
De plus en plus de parents se tournent vers la médication pour gérer les troubles du sommeil de leurs enfants, malgré l’absence d’autorisation officielle et les risques associés. Au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), la députée Diana Nikolic (MR) a interpellé la ministre Valérie Lescrenier, ministre francophone de l’Enfance, sur les mesures de sensibilisation et de prévention, face à ce phénomène préoccupant.
Les troubles du sommeil touchent une proportion importante d’enfants, avec des répercussions immédiates sur leur bien-être et celui de leur famille. Face à ces difficultés, de plus en plus de parents se tournent vers une solution rapide : la médication. Mélatonine en vente libre ou même somnifères destinés aux adultes circulent désormais dans les chambres d’enfants.

« Pourtant, 70 % des troubles du sommeil de l’enfant sont d’origine comportementale et pourraient être corrigés par une hygiène du sommeil et l’instauration de routines adaptées », rappelle Diana Nikolic au Parlement de la FWB. Elle met en garde contre une tendance au recours prématuré à la médication, malgré les risques bien connus : accoutumance, effets secondaires, et absence de données solides d’efficacité dans la population pédiatrique générale.
Les causes principales : écrans, routines et croyances
Si la médication séduit certains parents, la majorité des spécialistes insistent sur les causes comportementales qui expliquent l’essentiel des troubles du sommeil de l’enfant. Parmi elles, l’utilisation tardive des écrans occupe une place centrale. Smartphones, tablettes et consoles maintiennent les enfants dans un état d’éveil artificiel, retardant l’endormissement et fragmentant le repos nocturne.
Les horaires irréguliers viennent accentuer ces dérèglements. Un coucher trop tardif en semaine, suivi d’un rattrapage le week-end, perturbe l’horloge biologique. À cela s’ajoutent parfois des croyances erronées, comme l’idée que l’enfant « finira par s’endormir plus vite avec une petite aide médicamenteuse », ou encore des difficultés comportementales plus globales qui compliquent la mise en place de routines apaisantes.
La députée libérale souligne que ces facteurs, largement évitables, nécessitent une meilleure information des familles et un accompagnement adapté. Sans cela, la tentation reste forte de se tourner vers des solutions pharmacologiques, perçues à tort comme simples et efficaces.
Sensibilisation et campagnes de l’ONE
Interpellée sur le sujet, Valérie Lescrenier a rappelé que la priorité devait rester la prévention et l’éducation. L’ONE a ainsi diffusé deux capsules vidéo dans la série « Air de Familles », consacrées au sommeil de l’enfant. Ces contenus, relayés dans la presse grand public, via les médias de proximité et les réseaux sociaux, renvoient également à deux brochures : l’une sur le sommeil de l’enfant en général, l’autre sur le sommeil en milieu d’accueil.
L’ONE met aussi en avant des recommandations spécifiques concernant l’usage des écrans, disponibles en ligne, et propose des espaces de parole pour parents et futurs parents. La thématique du sommeil y sera abordée à plusieurs reprises au cours de l’année.
En revanche, aucune campagne spécifique n’a été annoncée sur les risques liés à la consommation de mélatonine ou d’autres médicaments inadaptés aux enfants. La ministre a confirmé que, selon le Centre belge d’information pharmacothérapeutique (CBIP), « l’approche non médicamenteuse constitue la prise en charge de premier choix ».
« Il y a un manque d’informations en Belgique »
En clôturant l’échange, la députée libérale a salué les actions existantes, mais insisté sur leur manque de visibilité. Elle a raconté avoir effectué elle-même une recherche internet sur le sommeil des enfants en Belgique francophone : « Je suis rapidement renvoyée vers les sites d’hôpitaux, voire d’entreprises pharmaceutiques. »
À l’inverse, en ajoutant les mots « France » ou « Canada » à sa recherche, elle est tombée sur des sites institutionnels proposant des recommandations claires et centralisées. « Il y a donc un manquement à cet égard en Belgique et il serait bon de réfléchir à la façon d’améliorer les choses, au-delà de la complexité institutionnelle. »
Pour Diana Nikolic, l’enjeu n’est plus seulement de produire des contenus, mais de s’assurer que les parents puissent y accéder facilement et rapidement, sans devoir passer par des sources privées ou commerciales.