École polytechnique de Zurich
Des jeux vidéo de fitness pour lutter contre la démence [vidéo]
L'entraînement ludique améliore les capacités cognitives de personnes présentant les premiers signes de développement d'une démence et entraîne des changements positifs dans le cerveau, selon deux nouvelles études menées par des chercheurs de l'ETH Zurich et de la Haute école spécialisée de Suisse orientale (OST).
Ces dernières années, les "exergames" se sont révélés être une alternative ou un complément peu risqué aux traitements médicamenteux dans la prise en charge de la démence. Il s'agit de jeux de fitness qui combinent activité physique et tâches intellectuelles, sans effets secondaires indésirables.
En résumé
- 40 patients souffrant de troubles cognitifs légers (âge moyen 73 ans) se sont entraînées pendant trois mois, cinq fois par semaine, pendant 25 minutes.
- Leurs performances intellectuelles se sont améliorées, et le volume des régions cérébrales responsables de la mémoire a augmenté.
- Ces bénéfices sont corrélés par IRM avec des changements au niveau de l'hippocampe et du thalamus.
Aussi au stade précoce
"Un site Etude avec participation de l'ETH (avec des chercheurs belges, NdlR) avait démontré dès 2021 que ce type d'entraînement améliore les capacités cognitives et physiques, ainsi que la qualité de vie des patients atteints de démence sévère", rappelle l'École polytechnique fédérale de Zurich (ETH) dans un communiqué.
Deux nouvelles études montrent aujourd'hui que l'entraînement avec ces exergames fonctionne également chez les personnes âgées souffrant de troubles cognitifs légers, stade précoce de la démence.
"L'entraînement ludique n'a pas seulement amélioré les performances intellectuelles des participants à l'étude, mais nous avons également pu mesurer des changements significatifs dans leur cerveau", explique Patrick Manser, qui fait désormais de la recherche à l'Institut Karolinska de Stockholm.
Les deux nouvelles études, issues de sa thèse de doctorat à l'ETH, confirment les conclusions de 2021.
S'exercer, puis respirer pour ancrer les bénéfices
Dans les deux études [1-2], Manser et ses collègues ont examiné 40 personnes légèrement atteintes sur le plan cognitif, âgées en moyenne de 73 ans. Les participants se sont entraînés à domicile pendant environ 25 minutes, cinq fois par semaine, pendant 12 semaines, à l'aide d'un système doté d'un écran avec un logiciel de jeu et une plaque de sol avec quatre cases pour mesurer les pas.
Les participants devaient résoudre des tâches prédéfinies à l'écran en effectuant une série de mouvements avec les pieds. Par exemple, mémoriser une liste de courses, puis décider, en faisant un pas vers la droite ou vers la gauche, si un produit affiché en faisait partie ou non.

"Des tâches comme celles-ci entraînent de manière ciblée des capacités cognitives qui se détériorent en cas de démence, comme l'attention, la mémoire ou la capacité de représentation spatiale", explique P. Manser.
Après les exercices, ils devaient respirer lentement, de manière contrôlée, pendant un certain temps. But: réguler leur système nerveux autonome en stimulant le nerf vague et en activant des régions du cerveau importantes pour les processus cognitifs. Cela devrait encore augmenter l'efficacité de l'entraînement.
Nette amélioration de la mémoire

La première étude montre que les performances cognitives et la capacité de mémorisation se sont nettement améliorées. Statistiquement, et dans le quotidien (achats, conversations, gestion du stress). Les participants se sentaient plus en forme, plus lucides et plus sûrs d'eux, contrairement au groupe contrôle dont l'état s'est détérioré.
Les résultats sont particulièrement encourageants dans les premiers signes de démence. "Nous espérons ainsi pouvoir retarder et atténuer les symptômes", explique le Pr Eling de Bruin, coauteur.
Et des changements cérébraux
La deuxième étude a cherché à savoir si ces améliorations cognitives se reflétaient dans le cerveau.
Grâce à l'IRM, les chercheurs ont constaté que le volume de l'hippocampe et du thalamus avait augmenté chez les participants. Des effets dans le cortex cingulaire antérieur et une légère amélioration dans le cortex préfrontal ont aussi été observés (versus diminution dans le groupe contrôle).
"Ces régions sont importantes dans les maladies neurodégénératives. Un hippocampe réduit est même considéré comme une caractéristique précoce de la démence", explique le Pr de Bruin. Le fait que les chercheurs aient pu mesurer des améliorations structurelles après 12 semaines déjà prouve de manière impressionnante que le cerveau est plastique - même chez les personnes qui présentent les premiers signes de démence.
"Des études dans lesquelles les participants s'entraînent pendant plus de trois mois doivent maintenant montrer si l'entraînement ludique personnalisé peut effectivement retarder ou même empêcher l'apparition d'une démence", conclut Eling de Bruin.
Références:
- “Brain-IT”: Exergame training with biofeedback breathing in neurocognitive disorders
- Manser, P., Rosio, M., Schmidt, A. et al. Structural brain improvements following individually tailored serious exergame-based training in mild neurocognitive disorders: exploratory randomized controlled trial. Alz Res Therapy 17, 190 (2025). https://doi.org/10.1186/s13195-025-01835-2