Économies dans le budget des soins de santé et réforme du conventionnement : Solidaris refuse que les patients paient plus cher
23 juin 2025 - Le ministre des Affaires sociales et de la Santé Frank Vandenbroucke mène actuellement de front des discussions sur son avant-projet de loi-cadre en matière de soins de santé, ainsi que sur la trajectoire budgétaire 2026 qui prévoit de réaliser 618 millions d’euros d’économies dans les soins de santé. Solidaris dénonce la volonté des syndicats de médecins de vouloir augmenter le prix des consultations médicales pour les patients.

En ce qui concerne la réforme du modèle de conventionnement, Solidaris salue l’ambition de plafonner les suppléments d’honoraires pouvant être demandés dans les hôpitaux et chez les médecins déconventionnés en ambulatoire. Nous appelons le gouvernement à maintenir et à approfondir la limitation des suppléments d’honoraires. Il s’agit d’une nécessité pour garantir l’accessibilité aux soins de santé pour tous les citoyens.
Par contre, la réforme actuelle prévoit toute une série de mesures qui vont engendrer une augmentation du prix des consultations pour les médecins, mais aussi tous les autres prestataires de soins conventionnés (dentistes, kinés, logopèdes, infirmières à domicile, sages-femmes). En effet, celle-ci leur donnerait la possibilité de facturer aux patients des montants supplémentaires dans certaines situations prévues par la concertation sociale. En plus de rendre le système illisible, ce mécanisme dit de “tarifs indicatifs” fragilise la sécurité tarifaire des patients et l’accès aux soins puisque demain, il sera possible pour des médecins conventionnés de facturer des suppléments d’honoraires déguisés pour certains actes médicaux jugés « sous-valorisés».
« Les patients ne peuvent pas être des variables d’ajustements
des réformes en cours. Que ce soit sur le budget ou sur la réforme
du conventionnement, il est nécessaire de garantir l’accès aux soins
de santé pour tous et toutes », conclut Jean-Pascal Labille.
Par contre, la réforme prévoit de généraliser à toutes les professions de soins la possibilité de facturer un supplément d’honoraires en cas d’exigences particulières du patient. Avant la réforme, seuls les dentistes et les médecins pouvaient facturer des suppléments lorsque le patient demandait un service particulier, comme une visite, un appel ou une consultation non urgente en dehors des horaires habituels, un appel de nuit alors que le médecin n’était pas de garde, et lorsqu’il était établi que le service de garde organisé sur place était suffisant.
Ensuite, en ce qui concerne l’exercice budgétaire de 2026 qui vise à réaliser 618 millions d’euros d’économies, Solidaris s’oppose fermement aux récentes propositions des représentants des médecins d’augmenter le prix des consultations et visites du médecin généraliste via des augmentations du ticket modérateur. Elle s’inquiète par ailleurs des récentes déclarations du ministre qui s’est dit ouvert à augmenter la contribution des patients dans les dépenses de soins de santé, en particulier les médicaments. Nous invitons plutôt le ministre à réaliser les économies auprès des acteurs dont la rémunération publique est démesurément injustifiée tel que, par exemple, le secteur pharmaceutique.
En conclusion, Solidaris s’oppose à une réforme du conventionnement et aux mesures d’économies qui contribueraient à augmenter la contribution financière des patients.
« Dans un pays où les coûts des soins de santé à charge des patients sont pourtant déjà très élevés, l’augmentation du prix des consultations et des médicaments n’est rien d’autre qu’une taxe supplémentaire injuste pour les malades », souligne Jean-Pascal Labille, Secrétaire général de Solidaris.
En effet, comme l’a pointé le KCE dans son dernier rapport sur la performance de notre système de santé, le coût des soins de santé à charge des patients en Belgique est de 25%, contre 13% en Allemagne, 16% aux Pays-Bas et 15% en France.