Faut-il arrêter le TSH après un infarctus du myocarde ?
Il est recommandé aux femmes qui développent une maladie coronarienne alors qu'elles prennent un traitement substitutif hormonal (TSH) d'arrêter ce traitement. Cependant, les preuves relatives au rapport risques/bénéfices de cette stratégie font défaut.
La période suivant un infarctus du myocarde (IM) est une période de vulnérabilité pathophysiologique, caractérisée par une dysfonction endothéliale et une concentration élevée des marqueurs inflammatoires. Un effet rebond, au cours duquel de nouveaux incidents cardiovasculaires ou le décès peuvent survenir, n'est donc pas à exclure. Dans une étude antérieure, les mêmes auteurs avaient déjà montré qu'un an après un infarctus du myocarde, 80 % des femmes danoises prenaient de nouveau le même TSH qu'auparavant, principalement à cause de bouffées de chaleur et de troubles du sommeil qui dégradent leur qualité de vie.
Pas de diminution ni d'augmentation du risque
L'étude s'est déroulée de 1997 à 2008 dans tous les hôpitaux du Danemark. Elle a tenté de déterminer si, un an après l'infarctus du myocarde, les femmes qui arrêtaient le TSH étaient exposées à un plus grand risque de récidive d'infarctus du myocarde, de mortalité cardiovasculaire et de mortalité en général, par rapport aux femmes qui n'arrêtaient pas le TSH. Parmi un groupe de 33.534 femmes, 9,9 % prenaient un TSH après un infarctus du myocarde. 8,5 % d'entre elles ont été victimes d'un nouvel infarctus du myocarde durant le suivi, 10,7 % sont décédées en raison de causes diverses et 6,6 % sont décédées d'une cause cardiovasculaire.
Répartition selon le type de TSH
Le risque de récidive d'infarctus du myocarde n'a diminué de manière significative que chez les femmes qui ont arrêté la prise d'£strogènes vaginaux au cours des 30 à 360 jours suivant l'infarctus du myocarde (HR 0,54 ; 0,34-0,86). En ce qui concerne les £strogènes systémiques et les TSH dans l'ensemble, la réduction n'était pas significative (respectivement HR 0,56 ; 0,28-1,11 et 0,90 ; 0,68-1,19). Une augmentation significative de la mortalité cardiovasculaire ou de la mortalité en général n'a été observée pour aucune forme de TSH (combinaison, £strogènes systémiques ou £strogènes vaginaux).
Durée et période de l'arrêt
Le moment de l'arrêt joue un rôle. La période immédiatement consécutive à l'infarctus du myocarde ne semble pas être la meilleure. L'arrêt entre le 30e jour et le 90e jour fait augmenter à la fois la mortalité cardiovasculaire et la mortalité en général, respectivement HR 1,90 (1,15-3,12) et 1,58 (1,04-2,39). L'arrêt des £strogènes systémiques durant 3 mois au cours de cette période entraîne une augmentation de la mortalité cardiovasculaire (HR 6,14 ; 1,95-19,3) ainsi que de la mortalité en général (3,23 ; 1,30-8,07) et est associé à une diminution non significative du risque de récidive d'infarctus du myocarde.
Pas d'explication
Les auteurs ne peuvent pas expliquer pourquoi l'arrêt des £strogènes vaginaux réduit le risque de survenue d'un nouvel infarctus du myocarde. S'agit-il d'un effet £strogène systémique ou un facteur confondant inconnu intervient-il ? Il est certain que l'âge médian de ces femmes était élevé (79 ans ; 47 % avaient 80 ans ou plus), qu'elles présentaient plus souvent un antécédent d'infarctus du myocarde, développaient moins souvent une revascularisation dans les 30 jours et étaient plus souvent atteintes de maladies vasculaires cérébrales, d'insuffisance cardiaque congestive ou de troubles du rythme cardiaque.