Le journal du médecin

7 juillet 2025 : journal d’une grève médicale historique

Ce lundi 7 juillet 2025, les médecins belges se mobilisent massivement contre le projet de réforme du ministre Vandenbroucke. Tout au long de la journée, nous rassemblons ici les témoignages, les prises de position et les scènes marquantes de cette grève inédite. Ce suivi est évolutif et non exhaustif.

Cabinet médical vide
© Getty Images



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Les hôpitaux au ralenti, mais pas de perturbation majeure

Les hôpitaux de Belgique tournaient au ralenti ce lundi en raison de la grève des médecins. L'activité était comparable à celle d'un week-end. Les services d'urgences étaient, eux, bien sollicités puisque certains patients dont le généraliste était en grève, ont fait le déplacement aux urgences.

L'Association belge des syndicats médicaux (ABSyM) avait appelé ses membres à cesser le travail de 08 à 18h00. Il s'agissait de la première action nationale des médecins depuis 2001, un événement rare dans une profession peu habituée aux mouvements collectifs.Le principal syndicat de médecins du pays, représentant 60% des généralistes et spécialistes, dénonce l'avant-projet de loi-cadre du ministre de la Santé Frank Vandenbroucke. 

Le premier point de crispation concerne la volonté du gouvernement de plafonner les suppléments d'honoraires à 125% dans les hôpitaux et à 25% en ambulatoire. Présentée comme un moyen de rendre les soins plus accessibles, cette mesure est perçue par les médecins comme une atteinte à leur liberté tarifaire. Elle constituerait aussi, selon eux, une menace pour le financement indirect des hôpitaux, qui s'appuient sur ces suppléments pour garantir la qualité des soins et investir dans du matériel de pointe.

À ce titre, les médecins ont été largement soutenus par les organisations de défense des droits des indépendants. L'UCM évoque ainsi un combat qui dépasse le seul secteur médical: "il concerne toutes les professions libérales". Pour l'Union des Classes moyennes, la réforme remet en effet en cause les fondements du caractère libéral de la profession: l'autonomie professionnelle.

Le Syndicat neutre pour indépendants (SNI) et l'Union des professions libérales et intellectuelles de Belgique (Unplib) sont du même avis, s'inquiétant d'un projet qui "ne touche pas uniquement les médecins mais, en pratique, l'ensemble des professions libérales (para)médicales". 

La suppression du conventionnement partiel et la possibilité de retirer le numéro Inami d'un médecin ne sont pas non plus vues d'un bon œil. Les représentants des médecins y voient une étatisation progressive du système des soins de santé en Belgique.

Les dentistes se sont joints à la grève. En Flandre, le syndicat de médecins ASGB a aussi mené des actions, sans pour autant paralyser les soins, alors que l'association flamande de médecins généralistes, Domus Medica, ne soutenait pas l'arrêt de travail.

La Fédération des maisons médicales non plus, estimant qu'une réforme du système était bel et bien nécessaire. Les sages-femmes également ont refusé de suivre le mouvement de grève voyant dans la réforme une opportunité d'améliorer leurs conditions de travail précaires.

En début d'après-midi, l'Absym estimait que le mouvement avait été très bien suivi partout dans le pays, tant dans les hôpitaux que pour les soins ambulatoires. De manière générale, les soins de santé n'étaient pas paralysés grâce au maintien des services de garde et d'urgence. La plupart des consultations non urgentes ont été reportées et les patients en avaient été informés.

Qu'elles soutiennent ou non la grève, toutes les organisations sont d'avis qu'une réforme du système de soins de santé en Belgique est nécessaire, mais doit être menée avec soin. "Des changements fragmentés, isolés ou précipités risquent d'aggraver les tensions sur le terrain sans répondre aux véritables besoins des patients ni aux défis quotidiens des professionnels de la santé", avertit Gibbis, une fédération regroupant plus de 70 institutions de soins bruxelloises, publiques et privées. 

Les acteurs se retrouveront encore autour de la table ces prochaines semaines. Une réunion des médecins, mutuelles et dentistes est prévue vendredi à 16h00 au cabinet du ministre Frank Vandenbroucke.

Entre 350 et 400 médecins du CHU UCL Namur en grève ce lundi

Entre 350 et 400 médecins, soit un peu moins de la moitié des médecins actifs au sein des trois hôpitaux du CHU UCL Namur (Dinant, Mont-Godinne et Sainte-Elisabeth) sont en grève, ce lundi, indique-t-on au CHU UCL Namur. Ils protestent contre les réformes portées par le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke (Vooruit), jugées menaçantes pour l'autonomie des soignants et la stabilité financière des hôpitaux.

Aucun chiffre précis n'a pu être donné concernant le nombre d'opérations reportées. "Nos équipes restent mobilisées pour garantir la continuité des soins essentiels. La dialyse, l'hôpital de jour oncologique, la radiothérapie, les soins intensifs et les urgences sont pleinement opérationnels", ajoute le CHU UCL Namur. Les consultations, interventions et rendez-vous sont maintenus autant que possible. Les patients concernés par des reports ont été personnellement contactés.

L'hôpital assure que la grève se déroule dans le calme, sans réaction particulière des patients. Pour les patients hospitalisés, "l'hôpital tourne normalement". Les prélèvements non urgents des médecins généralistes, des laboratoires externes, des patients hospitalisés et des patients aux consultations seront pris en charge. Seuls les centres de prélèvement sont fermés. Les secrétariats sont disponibles pour répondre à toutes demandes de rendez-vous. Le personnel en grève distribue par ailleurs des tracts sur les trois sites hospitaliers.

80% des médecins en grève au CHR de Huy

Quelque 80 % des médecins du centre hospitalier régional (CHR) de Huy, en province de Liège, suivent le mouvement de grève entamé lundi, a indiqué le directeur médical de l'institution, Christophe Levaux, à l'agence Belga.

Comme nombre de leurs collègues du royaume, les médecins qui travaillent sur le site du CHRH protestent contre les réformes portées par le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke (Vooruit), jugées menaçantes pour l'autonomie des soignants et la stabilité financière des hôpitaux.

Au bloc opératoire et dans le service de radiologie de l'hôpital mosan, seuls les soins en oncologie et les urgences sont pleinement assurés "Dès la semaine dernière, j'ai demandé à chaque médecin ses intentions quant à sa participation ou non au mouvement de protestation. Tous les patients concernés ont dès lors été contactés et les rendez-vous ont été reprogrammés", a expliqué lundi le directeur général médical du CHRH à l'agence Belga.
L'hôpital hutois fonctionne donc au ralenti. Selon ses responsables, la situation est comparable à un service de week-end. "En raison de l'arrêt de travail de médecins généralistes de la région, nous constatons également que le service des urgences est un peu plus chargé que d'habitude", a encore précisé Christophe Levaux à Belga.

Une activité de week-end au sein des hôpitaux de Mons et Ath

Les hôpitaux des régions montoise et athoise tournaient au ralenti lundi en raison de la grève des médecins. Comme ailleurs dans le pays, le mouvement avait été anticipé et les patients informés, évitant ainsi une situation trop chaotique.

Au sein du réseau Epicura (Ath, Baudour, Hornu, Beloeil, Dour, Enghien et Frameries), 25% des quelque 450 médecins faisaient grève. La continuité des soins était assurée. Les consultations non-urgentes ont été reportées. Le bloc opératoire est fermé ce lundi sauf pour les interventions qui sont maintenues. Les services d'urgences des sites à Ath et Hornu ainsi que les prises de sang ne sont pas concernés par le mouvement. 

Au CHU Ambroise Paré à Mons, l'activité tournait comme un week-end, ont fait savoir les responsables de l'institution de soins. "Les consultations et interventions non urgentes ont toutes été reprogrammées dans les semaines à venir. Les urgences fonctionnent normalement. Les patients en oncologie sont bien pris en charge que ce soit en ambulatoire ou en cas d'intervention urgente."

Bruxelles : large mobilisation au Chirec et aux Cliniques de l'Europe, calme à Saint-Pierre

La grève nationale des médecins, à l'appel de l'Association belge des syndicats médicaux (ABSyM), a été très largement suivie lundi à Bruxelles au sein du groupe hospitalier Chirec, selon le médecin-chef de l'Hôpital Delta, le Dr Jean-François Annaert. "L'immense majorité des médecins ont adhéré au mouvement", a-t-il déclaré. Environ 80% des consultations ont été reportées, à l'exception des suivis oncologiques et cardiologiques. La quasi-totalité des interventions chirurgicales ont été annulées, sauf celles liées au cancer. La maternité fonctionne normalement et les urgences ont été renforcées.

Aux Cliniques de l'Europe, toujours à Bruxelles, 83% des médecins ont voté en faveur de la grève. L'hôpital a adopté les procédures habituelles des jours de grève non-médicale, en annulant la majorité des consultations et actes techniques. Les services d'urgence, de chirurgie urgente, les traitements oncologiques et les dialyses sont toutefois maintenus.
Au CHU Saint-Pierre, la grève n'a pas été suivie massivement. Quelques consultations ont été annulées tout au plus, mais l'hôpital tourne normalement dans l'ensemble.

À l'UZ Brussel, la situation est restée calme. "La pression sur les urgences n'est pas plus élevée que d'habitude", a précisé la porte-parole Karolien De Prez. Moins de 5% du personnel est en grève. Le recours direct aux urgences par les patients bruxellois explique en partie cette stabilité, selon elle.

La grève a été confirmée vendredi par l'ABSyM, malgré une ultime réunion de concertation avec le ministre fédéral de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit). Ce dernier porte un avant-projet de réforme visant à garantir l'accessibilité des soins de santé. Le texte prévoit notamment un plafonnement des suppléments d'honoraires, des ajustements au système de convention et un renforcement de la lutte contre la fraude. Pour le président de l'ABSyM, Patrick Emonts, les modifications proposées vendredi restent insuffisantes et difficilement applicables sur le terrain.

Les hôpitaux carolos touchés différemment par la grève des médecins

Plusieurs dizaines de consultations et d'interventions ont dû être reportées lundi au sein des hôpitaux de l'intercommunale Humani à Charleroi à la suite de la grève des médecins. Les établissements ont fonctionné grosso modo comme si c'était un dimanche, a indiqué son porte-parole.

Ce dernier n'a pas pu préciser le nombre de médecins ayant répondu à l'appel du mouvement de grève. Ils sont majoritaires, selon lui. Il y a quelques jours, un sondage réalisé en interne avait estimé ainsi à quelque 80% le pourcentage de médecins participant à la grève. 

L'appel à la grève a eu moins d'écho parmi les médecins du Grand Hopital de Charleroi. Selon la porte-parole du groupe, seuls 5% de ceux-ci sont en grève ce lundi, essentiellement au sein du service de radiologie. 
Entre 10 et 11 heures, une cinquantaine de médecins ont débrayé par ailleurs sur le site.

Mobilisation assez faible au CHR Verviers: 20% des médecins en grève

Les hôpitaux du pays tournaient au ralenti lundi en raison du mouvement d'humeur des médecins. Au CHR de Verviers, comme dans bon nombre d'hôpitaux, les services vitaux restaient assurés. Vingt pour cent des consultations ont été reportées, indique à l'agence Belga le directeur médical Eric Brohon.

"Certains services sont fort impactés, en particulier l'imagerie médicale et la gynécologie, ce qui nous a contraints à organiser le report de toute une série d'activités qui étaient planifiées. En revanche, le service d'urgence fonctionne, lui, à plein régime", précisait en début d'après-midi le directeur médical.

En concertation avec le conseil médical, une politique a été menée dans les salles d'attente ou les bureaux de consultation afin d'informer la patientèle que l'action a pour but de garantir l'accessibilité des soins à tous.

Si la mobilisation dans l'hôpital public verviétois "reste relativement faible", selon les mots du directeur médical, "il y a une grande sensibilisation des médecins, essentiellement par rapport à la manière dont les mesures ont été annoncées".
Ici aussi, le corps médical met en avant un manque de concertation qui intervient "alors qu'une réforme de la nomenclature et du financement sont en cours. Nos médecins sont plus mécontents sur la manière de fonctionner que sur le fond des réformes. On n'a pas encore redéfini la manière dont l'hôpital va être financé que déjà on réduit les moyens à travers la réduction des suppléments d'honoraires. Il y a par ailleurs un risque qu'une partie des médecins quitte à terme l'hôpital, avec les contraintes que ce travail représente, notamment les gardes ou la surveillance des patients hospitalisés, pour une pratique privée", continue Eric Brohon, qui rappelle que le CHR de Verviers est un établissement public, "ce qui signifie que les activités ambulatoires ne sont, elles, pas soumises à un supplément d'honoraires", conclut le directeur.

A Verviers, environ la moitié des honoraires d'hospitalisation, et des suppléments, sont reversés à l'hôpital pour assurer son fonctionnement, selon les spécialités.

Grève des médecins : Le suivi du mouvement assez contrasté au nord du pays

Au nord du pays, la grève des médecins était suivie de façon assez aléatoire lundi. Si la région anversoise semblait épargnée, les hôpitaux de Flandre occidentale tournaient un peu plus au ralenti.

A l'hôpital universitaire d'Anvers (UZA), une vingtaine de médecins sur les 600 que compte l'institution se croisaient les bras. Sur les différents sites du ZAS (Ziekenhuis aan de Stroom), 150 médecins ont pris part au mouvement sur un millier au total. Les services d'urgence ne chômaient pas, mais on était loin de toute saturation.

La mobilisation était plus importante en Flandre occidentale. A l'hôpital général Delta (AZ Delta) qui dispose de sites à Roulers, Torhout et Menin, un peu plus de la moitié des médecins étaient en grève lundi, une proportion similaire à celle relevée à l'hôpital Groeninge à Courtrai. L'arrêt de travail était également bien observé à Ostende.

Les responsables des hôpitaux limbourgeois évoquaient une activité assez calme au sein de leurs établissements. Un poste de médecine de garde avait été ouvert à titre exceptionnel de 8 à 18h00 au Jessa Ziekenhuis à Hasselt.

A Hal dans le Brabant flamand, 20 à 25% des 135 médecins de l'hôpital Sainte-Marie ont fait grève. Comme ailleurs, la situation avait cependant été anticipée et de nombreux rendez-vous ont été reportés.  

A l'hôpital universitaire de Gand, des médecins et des collaborateurs se sont rassemblés dans le hall principal à midi. Une longue banderole a été déroulée sur le parking à l'entrée. Des actions étaient menées mais pas de grève en tant que telle. A peine 3% des médecins se croisaient les bras, soit 25 dermatologues, chirurgiens et radiologues. La plupart des membres du personnel portait un badge soutenant l'action. 

La grève était par contre bien suivie à l'hôpital Jan Palfijn, à Gand également.

Le mouvement de grève suivi par près de 90 % des médecins du CHRSM à Namur et Auvelais

La grève nationale décrétée lundi est suivie par environ 90% des médecins du CHRSM, sur les sites Sambre (Auvelais) et Meuse (Namur), indique le département communication de l'institution.

La grève fait suite au projet de loi-cadre porté par le ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke (Vooruit). Selon le corps médical du CHRSM, ce qui est sur la table est "inacceptable et menace l'accès aux soins et leur qualité, en raison notamment du plafonnement des suppléments d'honoraires et de la suppression du conventionnement partiel". 

En tout, ce sont quelque 250 médecins qui suivent le mouvement lundi à Auvelais et Namur, répondant à l'appel de plusieurs syndicats médicaux, dont notamment l'ABSyM-BVAS. 

Beaucoup de consultations ont été annulées, mais les équipes du CHRSM ont réalisé un important travail en amont de la grève pour prévenir les patients à temps. "Grâce à cette anticipation, la situation a été bien comprise et aucune réaction négative n'a été constatée, ni sur site, ni sur nos réseaux sociaux", souligne l'institution. "Au contraire, nos médecins ont même reçu quelques marques de soutien symboliques."

Sur le plan opérationnel, les patients déjà hospitalisés ne sont pas impactés, les urgences restent ouvertes et les visites sont maintenues. "En fait, l'organisation est similaire à celle d'un dimanche ou d'un jour férié", détaille le CHRSM. "Les équipes soignantes restent mobilisées et la coordination permet de maintenir la qualité et la sécurité des soins pour les patients hospitalisés, tout en gérant le flux normal de visiteurs tout au long de la journée."

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Écrit par La rédaction (F.H.), avec Belga7 juillet 2025

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