Journée mondiale de la Méditation
Ce vendredi 12 décembre dédié au monde de la santé
En décembre 2024, l'ONU dédiait une journée mondiale à la méditation, tel un appel à ralentir et à se recentrer sur l'essentiel. À l'occasion de la deuxième édition cette année, l’association Emergences organise différents événements, dont une journée, ce vendredi 12 décembre, consacrée aux soignants. Le point avec Ilios Kotsou, docteur en psychologie et maître de conférences à l'ULB.
Et si, au coeur de votre agitation quotidienne, que ce soit à l'hôpital, pendant vos consultations ou votre tournée de visites, vous preniez quelques minutes pour vous arrêter ? Pour respirer, tout simplement, ou, pourquoi pas, vous accorder enfin une vraie pause, par exemple pour tester la pleine conscience ou la méditation?
Des séances de méditation gratuites chaque jour
Dans le cadre de la Journée mondiale de la Méditation, décrétée par l'ONU l'an dernier, Emergences, en collaboration avec le fonds de dotation "Nouveau Monde" organise différentes activités depuis ce 1er décembre. Pour rappel, l'association, fondée par Caroline Lesire et Ilios Kotsou, est parrainée par Matthieu Ricard (médecin généticien de formation) et le Dr Christophe André, psychiatre.
Les événements organisés autour de la Journée mondiale, qui culminera le 21 décembre, poursuivent différents objectifs: sensibiliser aux bienfaits de la méditation par-delà les préjugés ou croyances qui pourraient subsister, bien que de plus en plus de médecins s'y intéressent, voire la prescrivent (et notamment notre neurologue belge Steven Laureys, qui y consacre différents ouvrages et participera à la journée du 21 décembre); associer méditation et engagement citoyen pour renforcer les liens et le vivre-ensemble ou encore offrir une parenthèse de sérénité en cette période de fin d'année souvent menée tambour battant.
Concrètement, des ateliers gratuits de méditation sont proposés chaque jour par des instructeurs certifiés (cf. carte ici), des séances audio sont disponibles en ligne (à découvrir ici) et, première fois cette année, une journée est dédiée aux soignants, avec le soutien du Dr Christophe André, ce vendredi 12 décembre, jour où tous les acteurs du monde de la santé en francophonie sont invités à prendre une pause à midi (soit à 12h, le 12/12, pour la symbolique).
Les soignants, « un rôle essentiel dans la société »
Le journal du Médecin: Pourquoi est-il important de s’adresser aux soignants en particulier, dans une journée qui leur est spécifiquement dédiée ?
Ilios Kotsou: C’est la première fois que l'on choisit de s'adresser aux soignants lors de la journée de la méditation. Mais, avec le Dr Olivier de Lathouwer notamment, nous avons déjà proposé chez Émergences des programmes de méditation qui leur étaient dédiés (le programme s'appelle Au coeur du Care). Olivier a traduit un ouvrage remarquable de Ronald Epstein : Soigner en conscience, vers une médecine plus humaine. L'idée d'associer les soignants qui méditent déjà à cette deuxième édition de la méditation est de mettre en avant ces personnes qui ont un rôle essentiel dans la société.
En quoi consiste exactement cette journée du 12 décembre ?
Le personnel hospitalier est soumis à une très forte pression et les soignants sont très nombreux à souffrir de détresse psychologique. Le 12 décembre, qui est la Journée internationale de la couverture sanitaire universelle, nous avons choisi de mettre à l’honneur les métiers du soin, toutes celles et ceux qui les rendent possibles, souvent dans l’ombre, ainsi que toutes les structures engagées qui prennent soin de ces personnes.
« Il existe de plus en plus de diplômes universitaires qui lient méditation et soins complémentaires. »
Lors de cette journée, des soignants qui ont une pratique contemplative proposeront un moment de pratique (gratuit évidemment) au sein de leur institution. Cette initiative est lancée avec Cloé Brami, une médecin oncologue qui est aussi docteure en psychologie. Elle est à l'origine de Mû Médecine, une formation en médecine intégrative et écologie du soin.
Les soignants – et les médecins en particulier – sont-ils plus ouverts, en 2025, aux bienfaits de la pleine conscience et de la méditation qu’avant ? Peut-être, notamment, parce que des confrères médecins, connus, se sont engagés fortement ces dernières années ?
Les bienfaits des pratiques contemplatives sont mieux connus qu'avant. Des personnalités connues, comme Christophe André par exemple, en parlent depuis des années. Il existe de plus en plus de diplômes universitaires qui lient méditation et soins complémentaires, comme à la Pitié Salpêtrière avec Corinne Isnard-Bagnis, médecin néphrologue, qui est une pionnière de ce sujet. On parle de plus en plus de méditation, c'est vrai, il y a aussi plus de recherche scientifique qui montre les bienfaits de la pratique dans différents domaines. Mais ce succès met aussi l'importance de garder un esprit critique face aux dérives des pseudosciences qui se réclament souvent de la méditation. Ce n'est évidemment pas une panacée universelle.
Comment convaincre des médecins de l’intérêt de prescrire ce genre d’activité non médicamenteuse ? Les autorités de santé ne devraient-elles pas rembourser les applis ou les cours de méditation pour en faciliter l’accès ?
Chez Émergences, nous constatons que beaucoup de personnes qui fréquentent nos cours de méditation sont envoyées par leur médecin traitant, leur psychiatre ou leur thérapeute, mais nous ne pensons pas qu'il faille convaincre qui que ce soit. Il y a assez de données aujourd'hui sur les cas où une pratique de méditation peut s'avérer utile, et les professionnels de la santé savent comment s'informer. A nouveau, la méditation ne remplace évidemment pas un traitement - ce qui serait dangereux -, mais elle ouvre un chemin d'apaisement qui peut être précieux quand on traverse un épisode de maladie ou des difficultés. Certaines applications de méditation sont déjà remboursées, et chez Émergences, nous avons justement créé une appli solidaire, Prezens, où tous les contenus sont accessibles que l'on ait, ou pas, les moyens de payer.
Les soignants, extrêmement soumis à la pression professionnelle (mais aussi privée car beaucoup de soignants sont des femmes qui doivent jongler entre vie privée et vie professionnelle), ne sont-ils justement pas un public qui peut tirer un maximum de bénéfices de la méditation et du mindfullness dans leur pratique, notamment pour réduire le risque de burn out ?
Il est évident que la méditation ne règlera pas les problèmes structurels de notre système de soins, mais elle peut être vue comme une pratique de résilience psychologique, de qualité relationnelle et de prévention du burn out. Les pratiques contemplatives peuvent aider à prendre soin de soi, à retrouver un peu d’espace intérieur, à mieux écouter ses limites, et parfois à rester en lien avec ce qui donne du sens au métier.
Le programme complet des événements autour de la Journée mondiale de la méditation