UCLouvain & Imperial College London
Le triméthylamine, nouvel allié contre l'insulinorésistance et le diabète de type 2
Une équipe internationale dirigée par le Pr Marc-Emmanuel Dumas (Imperial College London) et le Pr Patrice Cani (UCLouvain) a découvert un nouvel allié dans la lutte contre la résistance à l’insuline et le diabète de type 2 : un métabolite bactérien appelé triméthylamine (TMA), qui parvient à stopper les inflammations déclenchées par un régime riche en graisses saturées. Cette découverte est publiée dans la revue scientifique Nature Metabolism.
Il y a 20 ans, le Pr Patrice Cani, alors post-doctorant, découvrait qu’un régime riche en graisses induisait la présence de constituants de bactéries qui activent le système immunitaire et déclenchent une inflammation. Avec, en corolaire, une insulino-résistance chez les diabétiques.
Cette découverte à l'époque étonnante est aujourd’hui communément admise par les scientifiques.
En résumé:
- Une équipe de scientifiques de l’UCLouvain et de l’Imperial College London a découvert qu'une molécule microbienne peut freiner l'inflammation liée à un régime riche en graisses et éviter la résistance à l’insuline.
- Ce que nous mangeons façonne nos microbes, et certaines des molécules qu’ils produisent peuvent réellement nous protéger du diabète.
- Cette découverte ouvre la voie à de nouveaux traitements du diabète.
Contrer ce processus
En 2025, les scientifiques de l’UCLouvain et de l’Imperial College London découvrent comment contrer ce processus: le triméthylamine (TMA) produit par les bactéries intestinales à partir de choline alimentaire peut améliorer le contrôle de la glycémie.
Comment ? En agissant comme inhibiteur naturel de la protéine IRAK4, protéine-clé du système immunitaire : en cas de régime saturé en graisses, IRAK4 donne l’alerte et provoque une inflammation afin d’indiquer au corps qu’il y a déséquilibre alimentaire. Mais en cas de saturations constantes (comme dans le diabète de type 2), IRAK4 s’affole et déclenche des inflammations en cascade, menant à une insulino-résistance.
«Ce que nous mangeons façonne nos microbes, et certaines des molécules qu’ils produisent peuvent réellement nous protéger du diabète. C’est la nutrition en action. »
- Pr Patrice Cani.
Réduire l'inflammation
En combinant des modèles de cellules humaines, des études chez la souris et un criblage de cibles moléculaires, les scientifiques ont découvert que le TMA est capable de se lier directement à la protéine IRAK4 et d’empêcher son activité. Résultat: l’inflammation induite par un régime gras est réduite, et la sensibilité à l’insuline restaurée.
«Cette découverte montre comment la nutrition et nos microbes intestinaux peuvent agir ensemble pour produire des molécules capables de lutter contre l’inflammation et d’améliorer la santé métabolique », explique le Pr Cani, professeur au Louvain Drug Research Institute de l'UCLouvain et co-auteur de l'étude, dans un communiqué.
De nouvelles perspectives
L’identification du TMA comme signal microbien modulant l’immunité pourrait ouvrir la voie à de nouveaux traitements. Des stratégies nutritionnelles ou des médicaments visant à stimuler la production de TMA pourraient offrir une nouvelle approche pour combattre la résistance à l’insuline et ses complications.
L’équipe a également observé que la suppression génétique d’IRAK4 ou son blocage reproduit les effets bénéfiques du métabolite bactérien.
«C’est un vrai changement de paradigme», explique le Pr Marc-Emmanuel Dumas. «Nous avons montré qu’une molécule issue de notre microbiote intestinal peut en réalité nous protéger des effets néfastes d’une mauvaise alimentation. Notre découverte ouvre des perspectives passionnantes, avec un nouveau répertoire de cibles pour des interventions thérapeutiques basées sur le microbiome pour la prise en charge du diabète.»
«Ce que nous mangeons façonne nos microbes, et certaines des molécules qu’ils produisent peuvent réellement nous protéger du diabète. C’est la nutrition en action. »