Gouvernance

Le paysage hospitalier tournaisien évolue

Gabrielle Petit, le nouveau visage de la santé tournaisienne

Le Chwapi change d’identité. À l’approche de l’ouverture de son site unique, l’hôpital tournaisien devient progressivement le Centre hospitalier Gabrielle Petit, en hommage à une infirmière et résistante locale. Un nom qui conjugue mémoire et avenir.

Centre hospitalier Gabrielle Petit
© Roger Job

Quelques câbles internet pendent encore mais le chantier avance. C’est muni de casques et de vestes de chantier que quelques heureux élus ont pu découvrir les entrailles du chantier du nouvel hôpital du site unique tournaisien qui ouvrira ses portes courant octobre. Le clou de la visite : l’annonce de la naissance du Centre hospitalier Gabrielle Petit, qui remplace symboliquement le Chwapi dans les années à venir. « Le basculement d'identité entre le Chwapi et le Centre Hospitalier Gabrielle Petit se fera progressivement. Il n'y a pas de ON/OFF. Concrètement, le Centre hospitalier Gabrielle Petit est le nom que porte le nouvel hôpital en construction. Il sera mis en exploitation progressivement, dès ce mois de novembre 2025 et jusqu'à la fin 2027, moment où il deviendra donc le seul hôpital de Tournai. En attendant, les deux identités cohabiteront », précise Romain Hubaut, chargé de communication.

Ce changement de nom dépasse la simple formalité administrative. « La première bonne idée, c’est d’avoir donné à l’hôpital le nom d’une personne, et non un acronyme. Cela l’humanise immédiatement », souligne Florence Hut, directrice médicale. Elle insiste aussi sur un choix assumé : « Donner le nom d’une femme à une institution, c’est refléter l’importance des équilibres. »

Le lien territorial a également pesé. « Gabrielle Petit était tournaisienne. Son nom incarne le courage, la bienveillance, l’engagement, l’entraide et la générosité. Ce sont aussi les valeurs que nous voulons défendre », résume Didier Delval, directeur général. Pour lui, cette décision « est un choix du cœur, mais aussi celui de l’attachement à une région ».

logo centre hospitalier Gabrielle Petit

Cette volonté d’incarner se traduit aussi dans la nouvelle identité visuelle. Le logo, conçu autour d’un cercle, symbolise le regroupement des trois sites hospitaliers. « En ouvrant le cercle, nous avons voulu montrer que l’hôpital ne se referme pas sur lui-même, mais interagit avec son environnement médical, social et académique », explique Didier Delval.

Au centre de ce projet se trouvent surtout les 2.700 collaborateurs. « Ce sont eux qui donnent vie à l’institution », estime le directeur général, qui veut y voir une référence à « la positivité, l’innovation, l’audace et la créativité » attendues de cette nouvelle étape.

Un projet tourné vers l’avenir

Derrière le nouveau nom, il y a un projet médical et humain d’ampleur. Une ampleur relative puisque l'hôpital ne pouvait pas dépasser la hauteur de la Cathédrale Notre-Dame de Tournai, prescription urbanistique oblige. Le Centre hospitalier Gabrielle Petit doit devenir un pôle intégré, capable de répondre aux défis de demain : vieillissement de la population, complexification des soins, pénurie de personnel. « Nous voulons être un hôpital visionnaire et audacieux, pensé pour demain et profondément enraciné dans notre histoire », résume Didier Delval.

La concentration des activités sur le site de l’Union doit permettre une meilleure organisation des services, des gains d’efficacité et une prise en charge plus fluide pour les patients. « L’objectif reste toujours le même : placer le patient au centre », insiste Jean-Pierre Genbauffe, vice-président du conseil d’administration. Les 2.700 collaborateurs sont appelés à travailler ensemble, dans un environnement pensé pour favoriser la coopération entre disciplines.

Didier Delval, directeur général du CHGP
Didier Delval, directeur général du centre hospitalier Gabrielle Petit.

L’ouverture sur la cité fait aussi partie de l’équation. Le nouvel hôpital veut être un partenaire de santé pour tout le territoire, en lien avec la première ligne, le secteur social et le monde académique. « Ce n’est pas seulement une réorganisation technique, c’est une nouvelle manière d’être présent dans la société », ajoute Delphine Uyttendaele, directrice du département infirmier.

Ce projet n’a pas été pensé uniquement derrière des bureaux. Il s’est construit pas à pas avec le personnel soignant, associé aux grandes étapes de conception. Une co-construction devenue courante aujourd’hui, mais novatrice à l’époque où les travaux ont commencé. « Il y a eu de nombreux allers-retours avec les architectes pour que chaque service corresponde aux besoins réels des équipes, jusque dans les détails de l’organisation », souligne Didier Delval. La réflexion a porté aussi bien sur la circulation des patients que sur les espaces de travail et de repos.

La fin d’un long processus

Le Centre hospitalier Gabrielle Petit marque la fin d’un long processus de fusion qui a profondément transformé l’offre de soins à Tournai. Au début des années 2000, les Tournaisiens se partageaient encore entre quatre établissements et trois réseaux: la clinique Notre-Dame (Mutualité chrétienne), l’Institut médico-chirurgical (IMC, Solidaris), l’hôpital civil et la clinique La Dorcas (public). Progressivement, sous la pression des normes, des coûts et des difficultés financières, leurs gestionnaires ont choisi de s’unir plutôt que de se concurrencer.

« Quatre hôpitaux pour un peu plus de 100.000 habitants, c’était trop. Trop de coûts, trop de concurrence, cela ne pouvait pas durer », rappelle Michel Guérin, président du conseil d’administration. La faillite évitée du Centre hospitalier régional du tournaisis (CHRT, qui regroupait l’hôpital civil et la clinique La Dorcas) a servi de déclencheur. Il a poussé les mutualités chrétiennes et socialistes à dépasser leur rivalité historique. « On a compris qu’il fallait faire autre chose et se rassembler autour de l’accessibilité aux soins », exprime le président du CA.

Cette volonté de mutualisation débouche en 2010 sur la création du Chwapi, le Centre hospitalier de Wallonie picarde, regroupant les trois grands réseaux hospitaliers tournaisiens. « Au départ, certains disaient que nous étions fous de reprendre un hôpital public. Aujourd’hui, plus personne ne critique », se souvient Jean-Pierre Genbauffe.

En 2017, une étape décisive est franchie : le choix d’un site unique, à l’Union. « On s’est demandé si l’on rénovait les sites existants ou si l’on construisait un hôpital unique. C’est cette deuxième option qui a été retenue », se souvient Didier Delval. Aujourd’hui, la naissance du Centre hospitalier Gabrielle Petit marque la fin d’un long processus.

Portrait de Gabrielle Petit
© DR

Qui était Gabrielle Petit ?

Gabrielle Petit est née à Tournai le 20 février 1893. Après une enfance modeste et plusieurs années passées à l’orphelinat de l’Enfant Jésus à Brugelette, elle se forme comme infirmière.

Elle s’engage dès le début de la Première Guerre mondiale à la Croix-Rouge de Belgique. Mais son rôle ne s’arrête pas là : aux côtés de son fiancé, elle rejoint l’Angleterre, où elle apprend les techniques d’espionnage, avant de revenir en Belgique pour devenir agente de renseignement au service des Alliés. Sous la fausse identité de « Mlle Legrand », elle sillonne le Tournaisis et le nord de la France pour transmettre des informations cruciales sur les mouvements allemands.

Arrêtée en 1916, elle refuse de dénoncer ses compagnons. Condamnée à mort, elle est fusillée à Schaerbeek le 1er avril de la même année. Son sacrifice en a fait une héroïne de la résistance belge et une figure nationale du courage et de l’engagement.

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Écrit par Laurent Zanella17 septembre 2025

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