IAS 2025
Des provirus défectifs pas si inoffensifs que ça !
Longtemps considérés comme de simples reliques génétiques, les provirus défectifs d’un même individu seraient capables de fusionner pour recréer un virus VIH-1 infectieux, selon les travaux menés in vitro par Imanichi H. et ses collaborateurs (Japon). Ce qui constituerait une menace insidieuse pour l’éradication du VIH.
Présentés lors du congrès de Kigali, les travaux récents d’Imanichi H. montrent que des provirus inactifs pourraient jouer un rôle plus direct dans la dynamique virale. Ainsi, deux provirus incomplets, porteurs de délétions complémentaires, peuvent se recombiner pour restaurer un génome fonctionnel.
Dans leur étude, des provirus tronqués, dérivés d’un même individu, ont été transfectés dans des lymphocytes T CD4 primaires. L’un présentait une perte des régions 3, et l’autre une délétion majeure en 5.
Un virus pleinement compétent...
Après plusieurs cycles infectieux, la réplication a été mise en évidence par la production d’antigène p24. La microscopie électronique a confirmé l’émergence de particules virales morphologiquement intactes, et le séquençage a localisé l’événement de recombinaison autour de la position nucléotidique 5000, générant un virus pleinement compétent pour la réplication.
Ces résultats apportent une preuve directe qu’en conditions favorables, deux provirus défectifs peuvent fusionner pour recréer un VIH-1 infectieux. La fréquence réelle de ce phénomène in vivo reste, pour l’heure, inconnue, mais la preuve expérimentale de son existence démontre que le réservoir viral ne se limite pas à une collection inerte de séquences mutilées. Il pourrait, au contraire, représenter une réserve génétique capable de réactiver l’infection, même en l’absence de provirus intacts initialement détectés.
Ce mécanisme de recombinaison ouvre une perspective inquiétante car il constitue un obstacle supplémentaire aux stratégies thérapeutiques, qu’elles visent à éliminer ou à réduire le réservoir. Loin d’être de simples témoins de l’évolution du virus, les provirus défectifs apparaissent désormais comme des acteurs potentiels de sa persistance et de sa régénération.
Réf: Imanichi H. et al. Abstract 6902, IAS 2025, Kigali.
