Des malades de longue durée en manque de sommeil

Le sommeil est trop souvent sacrifié sur l'autel de la productivité, alors qu'il constitue un pilier fondamental de notre bien-être. À l'occasion de la 18e Journée mondiale du sommeil qui aura lieu demain, l'Association belge de recherche et de médecine du sommeil (BASS) met en lumière un problème de santé publique aux lourdes conséquences économiques : les troubles du sommeil sont directement liés à un absentéisme de longue durée.
L'insomnie double le risque d'absence prolongée pour raisons médicales et, lorsqu'elle s'accompagne d'une somnolence diurne excessive, ce risque est multiplié par quatre. Les femmes sont particulièrement touchées, tout comme les salariés contraints à un environnement professionnel délétère. Conflits entre collègues, surcharge de travail, absence de perspectives d'évolution et travail physique exigeant sont autant de facteurs qui accentuent les troubles du sommeil et alimentent un cercle vicieux d'épuisement et d'absentéisme. Face à cette situation, de nombreux employés se tournent vers les somnifères, une tendance particulièrement marquée chez les travailleurs les moins qualifiés, qui y ont recours jusqu'à cinq fois plus que leurs collègues plus diplômés.
Apnée du sommeil
L'apnée du sommeil représente un autre fléau sous-estimé. Lorsqu'elle est diagnostiquée tardivement, elle entraîne une hausse considérable des jours de travail perdus, avec une courbe qui s'accentue dès les cinq années précédant le diagnostic. Là encore, les femmes sont plus vulnérables.
Ces troubles ne se contentent pas d'affecter la santé des individus : ils pèsent lourdement sur l'économie et les finances publiques. La BASS plaide pour une prise en charge précoce des troubles du sommeil, une sensibilisation accrue des employeurs et une meilleure prévention pour éviter que ces pathologies ne se transforment en maladies chroniques invalidantes.
Solutions
Des solutions existent pourtant. Maintenir un rythme de sommeil régulier, s'exposer à la lumière du jour, pratiquer une activité physique et évacuer le stress avant le coucher sont des habitudes essentielles à adopter. Cultiver des émotions positives et savoir reconnaître les signaux d'un mauvais sommeil permettent également d'en limiter les effets néfastes. Enfin, plutôt que de s'acharner à dormir sans succès, mieux vaut se lever un moment avant de retourner au lit.
Le sommeil n'est pas un luxe, mais une nécessité. Un salarié bien reposé est non seulement en meilleure santé, mais aussi plus efficace. Il est grand temps que les entreprises et les pouvoirs publics prennent la pleine mesure de cet enjeu.