L'Oscar de la "junk food" revient aux films américains les plus populaires

Une étude suggère que les films américains grand public mériteraient l'attention des autorités sanitaires. Ils font en effet étalage d'habitudes alimentaires malsaines pour la santé, ne respectant pas les recommandations diététiques nationales. Les acteurs y abusent de boissons alcoolisées et de produits riches en sucres et en gras.
De nombreux pays restreignent désormais la publicité d'aliments malsains, riches en sucres ou en gras. Cependant, les films américains les plus populaires risquent de contrecarrer ces efforts. Ils présentent des aliments et des boissons dont la qualité nutritionnelle laisse largement à désirer, les acteurs s'y délectant de produits hypercaloriques et de breuvages alcoolisées.
Un constat établi par une équipe de l'université de Stanford après avoir visionné les 250 films américains les plus rentables, diffusés de 1994 à 2018, et analysé la composition de près de 15 000 produits (9 198 aliments et 5 748 boissons). Les aliments les plus représentés sont les "snacks" et sucreries (dans 23,6 % des films), et parmi les boissons, ce sont celles contenant de l'alcool, qui apparaissent le plus souvent.
Au final, dans 72,7% de ces films (178 sur 245), les aliments présentés ont une qualité nutritionnelle médiocre selon le Nutrient Profile Index, tandis 90,2% des productions cinématographiques étudiées (222 des 246) affichent des boisons déconseillées pour la santé.
Par rapport aux recommandations nutritionnelles américaines, pour 2 000 kcal consommés, le régime représenté dans les films est carencé en fibres (- 45% par rapport aux apports recommandés), mais en excès pour le sodium (+ 3,9 %), les graisses saturées (+ 25 %) et l'alcool (+ 177 %). En comparaison avec le régime réel observé chez les Américains pour 2 000 kcal, celui qui est exposé au cinéma comporte 313% d'alcool en plus et 16,5% de sucre en excès.
Seuls 1 721 aliments et boissons (11,5%) sont des produits visiblement de marque, mais les articles de marque ont reçu des cotes nutritionnelles moins bonnes que ceux sans marque.
L'étude montre aussi que le paysage nutritionnel des films américains grand public ne s'est pas amélioré au fil du temps, entre 1994 et 2018, et qu'il n'est pas mieux dans les films ciblant les jeunes. Cela pourrait dès lors biaiser les choix alimentaires des personnes les visionnant.
Les auteurs estiment que "le problème des représentations médiatiques des régimes alimentaires malsains va bien au-delà des marques et des publicités et qu'il est d'ordre socio-culturel." Ils considèrent que leur recherche constitue une excellente opportunité pour les producteurs et les acteurs de cinéma d'être plus conscients de leur responsabilité concernant les aliments et boissons qu'ils présentent dans des films visionnés par des millions de personnes.
(référence : JAMA Internal Medicine, 23 novembre 2020, doi : 10.1001/jamainternmed.2020.5421)