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Taux d’intérêt : à la baisse… ou plutôt à la hausse ?

Ils sont importants pour les entreprises et les États, mais aussi pour les particuliers qui épargnent et investissent. Mais alors qu’on n’arrête pas d’évoquer leur baisse, les taux font à nouveau mine de grimper. Comme l’inflation, au point que certains annoncent une possible stagflation, le mal absolu ! Que se passe-t-il et à quoi peut-on s’attendre ?

Taux d'intérêt
© GettyImage

La Banque Centrale Européenne (BCE) pourrait marquer une pause durable dans l’abaissement de son taux d’intérêt de base. C’est ce qu’on a lu et entendu ces dernières semaines dans les médias, avant et après que la BCE ait effectivement décidé le statu quo lors de sa réunion du 11 septembre. Rappelons que le taux appelé «de base» est le taux d’intérêt que la BCE paie aux banques commerciales déposant de l’argent chez elle. La pause, c’est ce qu’avait laissé entendre Christine Lagarde, présidente de la BCE, dès le 5 juin dernier, lors du dernier abaissement de ce taux. C’était attendu, puisqu’il s’agissait de la 8è décision du genre en deux ans, ce taux de base ayant été ramené de 4 à 2 %. Il s’agit d’inciter les banques à investir leur argent de manière plus rémunératrice, c’est-à-dire en octroyant du crédit, pour soutenir une conjoncture plutôt faiblarde en Europe.

Bonne nouvelle pour les épargnants

Cette pause n’a donc rien d’étonnant et, a fortiori, rien d’inquiétant. C’est même une bonne nouvelle pour les épargnants accrocs au carnet de dépôt : son rendement ne devrait en principe plus baisser, puisqu’il est étroitement lié au taux de base de la BCE. De toute manière, il pourrait difficilement tomber beaucoup plus bas, ironiseront certains à propos des grandes banques…

Si quelques économistes se montrent un peu inquiets, c’est parce que les taux à long terme, eux, ne se détendent guère, voire pas du tout. Le principal d’entre eux, pris pour référence un peu partout dans le monde, est le rendement de l’obligation d’Etat à 10 ans. Il est calculé sur la base du cours de cette obligation, lequel ressort des ventes et achats réalisés par les investisseurs, comme pour une action. Le rendement affiché par une obligation reflète donc en direct le sentiment des investisseurs.

Certes, le taux à long terme n’est pas obligé de suivre le taux à court terme fixé par la banque centrale. Cette évolution est toutefois logique, car si la BCE abaisse ce taux, c’est parce que la conjoncture est faible et que l’inflation régresse. Et dans un tel contexte, les investisseurs en obligations acceptent en principe un rendement en recul. Ce n’est cependant pas ce qu’on observe…

Je veux compenser l’inflation !

Petit particulier ou gros institutionnel, un investisseur en obligations vise fondamentalement un rendement qui compense l’inflation (et de préférence un peu plus !), pour que son patrimoine ne perde pas en valeur. Or, l’inflation s’inscrit clairement en baisse, surtout en Belgique. Suivant les chiffres normalisés au niveau européen, la Belgique est revenue de 4,3 % en août 2024 à 2,6 % un an plus tard, une chute spectaculaire. Et comment a évolué le rendement de l’obligation de l’Etat belge à 10 ans durant cette période ? Il a grosso modo… progressé de 2,8 à 3,2 %. N’est-ce pas anormal ?

Premier élément de réponse : la Belgique ne peut pas échapper au contexte international, caractérisé par des taux à long terme qui ont plutôt tendance à remonter. C’est vrai tant en Allemagne, pays qui est généralement pris comme mesure de la zone euro, qu’aux Etats-Unis.

Deuxième élément, qui vaut pour la Belgique comme pour les autres pays : on pourrait considérer que c’est le rendement de l’été 2024, sensiblement inférieur à l’inflation, qui était anormal. Vrai, faux ? Hormis des circonstances exceptionnelles, si un investisseur accepte un rendement inférieur à l’inflation, c’est parce qu’il est persuadé que ce n’est que temporaire. Autrement dit, que l’inflation va baisser. Oui mais, en toute logique, on peut penser que l’inverse est également vrai : si ces investisseurs refusent un rendement en baisse alors que l’inflation recule, cela ne signifie-t-il pas qu’ils craignent une remontée de cette inflation ?

Oui, l’inflation remonte !

Ces investisseurs n’ont pas tort, à en juger par l’évolution du mois d’août. L’inflation est, en zone euro, remontée à 2,1 %, contre 2 % en juillet (et 1,9 % en mai). C’est plus sérieux aux Etats-Unis, où le repli de l’inflation semble enrayé depuis le printemps. Elle avait chuté en début d’année, il est vrai, mais avait rapidement rebondi à 2,7 % en juin et juillet. Et la voilà à 2,9 % en août, ce qui fut mal accueilli par les marchés.

On s’est demandé dans quelle mesure et à quelle échéance les droits de douane imposés par Donald Trump allaient gonfler la hausse des prix aux Etats-Unis. On savait qu’elle serait retardée par deux éléments. D’abord, les entreprises américaines ont constitué d’imposants stocks de marchandises étrangères avant l’application de ces droits. Ensuite, beaucoup d’entre elles estiment ne pas pouvoir répercuter la hausse des coûts… d’un coup. Elles vont dans un premier temps un peu diminuer leur marge pour atténuer cette hausse. Où en est-on dans ce processus ? C’est toute la question.

L’économie américaine est-elle en panne ?

Longtemps résiliente, l’économie américaine a désagréablement surpris ces derniers mois. Aux Etats-Unis, quand on évoque la situation de l’emploi, on ne se réfère pas au taux de chômage, mais au nombre d’emplois créés chaque mois. Et cette donnée est en chute libre. La révision des chiffres de mai et juin a jeté un froid sibérien, avec un total revenu de 258.000 unités à… 33.000 seulement. Sursaut en juillet, avec 73.000 emplois (mais 30 % en-dessous des attentes) et brutale rechute en août, avec 22.000 emplois à peine. On se souvient que Donald Trump avait alors licencié la patronne des statistiques. Retour à l’antiquité, quand les messagers porteurs de mauvaises nouvelles étaient sacrifiés…

L’économie américaine est-elle donc en panne ? Un autre indicateur rassure : le PMI, qui traduit les attentes des entreprises pour les mois à venir. L’indice PMI du secteur industriel avait glissé en-dessous de 50 en juillet, ce qui indiquait un repli de l’activité. Il a rebondi à 53 en août. Quant à l’indice PMI composite, qui comprend aussi les services, il s’établissait à un très sympathique 55,4 en août… avant d’être un peu revu à la baisse à 54,6.

Alors, l’économie américaine est-elle en train de flancher, oui ou non ? Une confirmation du ralentissement, lequel freine l’inflation, aurait en principe pour conséquence une baisse des taux d’intérêt à long terme. Et s’ils décrochent là-bas, ils pourraient bien fléchir en Europe également.

Tout bénéfice pour les obligations existantes, qui afficheraient alors une petite plus-value, et pour les actions, puisque l’alternative obligataire serait un peu moins attrayante.

Il ne faudrait toutefois pas que l’économie stagne carrément. Ni surtout que l’inflation reparte à la hausse. Parce que stagnation + inflation, cela donne une stagflation. Un mot inventé dans les années 70 pour décrire la combinaison désastreuse qui régnait alors. On comprend que les économistes et investisseurs scrutent aujourd’hui l’inflation et les taux d’intérêt plus que jamais !

Carnet de dépôt : 1,65 % sans conditions

Avec le statut quo de son taux de base par la BCE, il serait logique que le rendement du carnet de dépôt ne s’amenuise pas davantage. Où en est-on actuellement ? Plusieurs banques n’ont guère abaissé leur taux le plus avantageux depuis le maximum de 2024, de sorte qu’il est aujourd’hui supérieur à l’inflation. Parmi elles : vdk à 2,85 % (1,35 % de base et 1,50 % de prime de fidélité) et Belfius à 2,80 % (1,30 % + 1,50 %). Suivent CPH et Argenta, avec 2,60 %. Ces taux valent toutefois pour un versement mensuel limité à 500 euros. Suffisant pour l’épargne de bon nombre de ménages, mais il n’est donc pas question de s’y précipiter avec une épargne accumulée ailleurs. Il en va de même pour les 2,25 % d’ING et KBC.

Tout récemment relevé à 2 %, le rendement offert par medirect s’entend, lui, pour un maximum de 25.000 euros. Même rendement chez Crelan, pour 500 euros par mois. Tous ces comptes sont de catégorie B, ce qui signifie que leur rendement est soumis à des conditions. Le premier compte de catégorie A, c’est-à-dire sans conditions, est le fait de Santander. Il offre 1,65 %, soit 0,60 % + 1,05 %. Même rendement et même catégorie A chez Aion Bank. Un tout petit cran en-dessous, soit avec 1,60 %, on trouve des comptes chez Keytrade, encore medirect et NIBC. Mais avec un taux de base élevé chez cette dernière et au contraire très bas chez les deux autres. Ces taux pouvant changer d’un jour à l’autre, il est utile de se renseigner auprès de sites de comparaison tels que guide-epargne.be.

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Geschreven door Guy Legrand15 september 2025

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