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Changement du paysage humanitaire : "La solidarité envers les personnes vivant avec le VIH fragilisée"

Les coupes budgétaires dans les financements humanitaires impactent considérablement les populations les plus vulnérables. Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, la réponse au VIH dépend à 80 % de l’aide internationale. MSF constate les effets de l’indifférence et du reniement des promesses internationales. L’Europe et la Belgique peuvent réellement faire la différence.

MSF

Cette année, la Journée mondiale du sida n’a guère offert de raisons d’être optimiste. Après des années de progrès, nous sommes à un tournant douloureux. Le Fonds mondial, ce mécanisme de solidarité internationale qui soutient depuis des décennies la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, a dû réduire de 10 % ses financements pour les programmes nationaux dès 2025. Et la conférence de reconstitution des ressources, la semaine dernière, s’est soldée par un échec : 10,6 milliards de dollars mobilisés sur les 18 milliards nécessaires pour les trois prochaines années. Certains pays européens, comme l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Italie, diminuent leur contribution de 20 à 25 %. La Belgique ne fait pas mieux : sa part baisse d’un quart, à 30 millions sur trois ans. Et plusieurs autres pays n’ont toujours pas confirmé leur engagement.

À cela s’ajoute le coup porté par les États-Unis cette année : arrêt brutal ou suspension de nombreux programmes de santé à l’étranger. Les pays qui bénéficiaient de ce soutien doivent désormais négocier des plans à court terme avec Washington. Les États-Unis veulent réduire drastiquement leurs financements et conditionnent de plus en plus leur aide à des intérêts commerciaux : obligation d’acheter des produits américains, libre importation de médicaments depuis les États-Unis, voire transfert prolongé d’informations sur des agents pathogènes sans garantie d’obtenir les moyens nécessaires pour les combattre. D’autres bailleurs internationaux révisent également leur approche, guidés par des calculs politiques internes, au détriment de la solidarité mondiale.

Couper les financements, c’est condamner des vies

Les conséquences sont dramatiques. Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, la réponse au VIH dépend à 80 % de l’aide internationale. MSF constate déjà les effets des coupes budgétaires : des cliniques ferment, des programmes communautaires s’arrêtent, la distribution des médicaments prend du retard, y compris pour les traitements antirétroviraux. Si la réduction de l’aide se poursuit, ces perturbations temporaires deviendront la norme. Des patients perdront l’accès à des traitements vitaux. Certains ne pourront pas poursuivre leur traitement, d’autres attendront des mois avant de recevoir leur première dose. Conséquences : davantage de malades graves, des systèmes de santé saturés et une hausse des nouvelles infections.

La prévention est également menacée. Des innovations comme le Lenacapavir – une injection tous les six mois – risquent d’être reportées ou exclues pour certains pays. Faut de meilleure prévention, le nombre de nouvelles infections stagne actuellement à 1,3 million par an.

La revue The Lancet a publié un scénario alarmant : si l’aide américaine s’arrête, la mortalité annuelle pourrait doubler d’ici 2030, passant de 600 000 à 1,2 million de décès. Selon l’ONUSIDA, le retrait des financements pourrait entraîner 6 millions d’infections supplémentaires et 4 millions de morts d’ici 2029. Quinze ans de progrès, balayés.

Cette situation exerce une pression énorme et crée des dilemmes pour les patients et les soignants. Comment réagir à ce « nouveau normal » ? S’adapter et accepter ce coût humain est impensable. Quel type de mobilisation est possible pour contrer la destruction de la réponse au VIH ?

Europe et Belgique : quel rôle ?

L’Europe doit d’abord rejeter le discours américain, où l’intérêt commercial prime. D’autres valeurs doivent être défendues : la lutte efficace contre les maladies et l’aide aux personnes en détresse. La santé et la solidarité ne sont pas des marchandises.

Ensuite, il est urgent de financer le Fonds mondial. À ce jour, les autres pays n’ont mobilisé que 6 milliards. Comme la contribution américaine ne peut dépasser un tiers du total, les 4,6 milliards promis par Washington risquent de rester partiellement inutilisés si les autres pays n’atteignent pas les deux tiers requis. Il faut combler rapidement le déficit de 3,2 milliards. Si l’Europe échoue, ce sera un double échec : sa propre insuffisance et la perte d’une contribution américaine pourtant disponible.

La Belgique doit aussi maintenir et renforcer son soutien à l’ONUSIDA. Cette organisation reste essentielle : elle fournit des données fiables, identifie les besoins, soutient les organisations communautaires et défend les droits des personnes vivant avec le VIH et des groupes vulnérables – hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, travailleurs du sexe, personnes transgenres.

Le sida n’est pas derrière nous

Quoi qu’on en dise, le sida n’a pas disparu. Plus que jamais, il faut un soutien concret et une solidarité avec les personnes vivant avec le VIH. Le combat doit continuer. Combat contre l’indifférence, contre le reniement des engagements pour éradiquer les grandes épidémies, contre l’idée que la souffrance humaine ailleurs compte moins.

Le monde ne peut pas abandonner les plus vulnérables. La solidarité internationale n’est pas un luxe : c’est une bouée de sauvetage.

 

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Geschreven door Stéphanie Dreze, coordinatrice du plaidoyer VIH chez MSF9 december 2025

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