Union belge des prestataires de soins
"Pour renforcer le taux de conventionnement, il faut ajuster les honoraires"
Pour renforcer durablement le taux de conventionnement en Belgique, il est indispensable d'ajuster les honoraires afin qu'ils reflètent enfin la réalité économique du terrain, martèle lundi l'Union belge des prestataires de soins (UBPS), en réaction à l'étude de Solidaris selon laquelle plus le nombre de prestataires conventionnés dans une région est élevé, plus faible y est le niveau de report de soins.
"Le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, soutenu par (la mutualité socialiste, NDLR) Solidaris, prétend vouloir améliorer l'accès aux soins, mais la stratégie retenue revient en réalité à imposer le conventionnement de manière détournée", dénonce l'organisation, pour qui ce levier utilisé seul ne permettra pas d'atteindre l'objectif affiché.
Les mutuelles - et en particulier Solidaris - militent en effet pour un conventionnement accru, constate l'UBPS.
L'objectif n'est pas d'améliorer réellement l'accessibilité, car cet argument ne tient pas dans un contexte de pénurie chronique, mais de renforcer leur modèle économique basé sur les assurances complémentaires, affirme l'Union belge des prestataires de soins.
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Un outil trompeur
"Plus les soins sont maintenus artificiellement à un prix bas, plus les mutuelles peuvent fidéliser leur clientèle via des couvertures complémentaires fonctionnant comme des assurances privées, tout en bénéficiant de subsides publics financés par l'impôt des citoyens, sans réelle transparence", développe-t-elle encore.
En brandissant le conventionnement comme réponse unique aux inégalités d'accès, Solidaris occulte en outre des réalités essentielles, estime l'organisation. Elle cite le manque de prestataires, les disparités territoriales, l'attractivité insuffisante de certaines zones et des conditions de travail et de rémunération souvent inadéquates.
"En ne s'attaquant pas à ces causes profondes, le conventionnement devient un outil insuffisant, voire trompeur, qui donne l'illusion d'agir sans résoudre les obstacles réels auxquels sont confrontés les patients et les soignants", en conclut l'UBPS.
L'Union préconise plutôt une vision de l'accessibilité reposant sur la diversité des cabinets privés et la liberté d'organisation des soignants. Ni Solidaris ni le ministre ne mettent, de plus, l'accent sur la prévention, notamment dans les zones défavorisées où les besoins sont les plus importants, déplore-t-elle.
"Une construction idéologique"
Enfin, argue l'organisation, avec la nouvelle réglementation concernant les bénéficiaires de l'intervention majorée (BIM), ce sont désormais 2 à 3 millions de Belges qui auront droit à un remboursement quasi complet de leurs soins. Dans ces conditions, continuer à affirmer que l'accessibilité financière serait le principal obstacle relève de l'inexactitude intellectuelle, assène-t-elle, ajoutant que cet argument devient une construction idéologique qui sert avant tout les intérêts des mutuelles.