Radiothérapie : "les patients encore trop peu informés des alternatives à la chirurgie"
À la Chambre, la députée N-VA Frieda Gijbels a interpellé le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke sur un enjeu sensible : trop de patients atteints de cancer ignoreraient encore que la radiothérapie peut, dans certains cas, remplacer ou compléter la chirurgie ou la chimiothérapie. Les progrès techniques - radiothérapie stéréotaxique, hypofractionnée, baisse des effets secondaires - élargissent pourtant fortement son champ d’application.
Frieda Gijbels (photo) surfe sur la Journée mondiale de sensibilisation à la radiothérapie (septembre dernier) et sur une visite sur le terrain : selon les équipes médicales rencontrées, les patients ne seraient pas systématiquement informés de la radiothérapie comme option thérapeutique, en contradiction avec la loi belge sur les droits du patient (article 8 : obligation d’information complète sur toutes les alternatives).
Elle interroge aussi le ministre sur plusieurs points : comment l’État s’assure que l’information donnée aux patients est complète ? Pourquoi les consultations oncologiques multidisciplinaires (COM) ne sont-elles pas autorisées pour les tumeurs bénignes (ex. certaines tumeurs cérébrales) alors qu’elles pourraient déboucher sur une indication de radiothérapie ? Existe-t-il des recommandations officielles comparant radiothérapie et chirurgie pour des cancers comme la prostate ou les métastases cérébrales ?
La députée attend que le KCE (Centre d’expertise des soins de santé) prenne attitude.
« Oncocoach »
Le ministre rappelle que l’oncocoach – infirmier spécialisé – est chargé d’informer et d’accompagner les patients afin d’éviter qu’ils soient « noyés » dans des décisions complexes. Il insiste aussi sur le rôle central de la COM pendant laquelle « toutes les options, y compris la radiothérapie, sont analysées collectivement afin de proposer un traitement validé par l’ensemble de l’équipe ».
Selon un rapport du KCE datant de 2024, 90,4 % des patients atteints de cancer ont effectivement été discutés en COM en 2020, avec de légères différences régionales (Flandre : 91,6 % – Bruxelles : 89,3 % – Wallonie : 88,2 %).
Cependant, Vandenbroucke reconnaît que les COM ne sont juridiquement obligatoires que pour les cancers malins, pas pour les tumeurs bénignes. "Or la radiothérapie est désormais équivalente voire supérieure à la chirurgie dans certains cas (prostate, métastases cérébrales), avec moins d’effets secondaires."
Si des manques subsistent, le KCE, de fait, pourrait être amené ou mandaté pour rédiger de nouvelles recommandations, souligne le ministre.
Contre-attaquant, la députée affirme que les lacunes subsistent : les patients n’ont aucun accès direct au contenu des discussions au sein de la COM, et les innovations en radiothérapie ne sont pas toujours connues des autres disciplines.
Or une innovation insuffisamment expliquée au patient, c’est comme si elle n’existe pas...