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Clinical Update

Vaccination antigrippale renforcée chez les personnes âgées

GRIPPE - Un panel d’experts européens [1] recommande de vacciner systématiquement les plus de 65 ans à l’aide de vaccins antigrippaux renforcés (adjuvantés ou à haute dose). De récentes données attestent en effet que ces formulations offrent à cette population vulnérable une protection nettement plus efficace contre les hospitalisations et complications liées à la grippe.

Vaccination antigrippe chez les personnes de plus de 65 ans
Les 65+ ans courent davantage de risque de développer une forme sévère de grippe. © Getty Images.

Le Conseil supérieur de la santé [2] préconise également cette stratégie vaccinale, au niveau national, pour la saison grippale 2025-2026. La Belgique emboîte ainsi le pas à des pays comme les Pays-Bas, l’Autriche, l’Allemagne, l’Italie, la Grèce et le Royaume-Uni.

Selon le CSS, l’an dernier, les données disponibles étaient encore trop insuffisantes pour justifier cette recommandation. Désormais, de nouvelles données en conditions réelles, issues du Danemark [3], montrent que les vaccins à haute dose (Efluelda® en Belgique) et les vaccins adjuvantés (Fluad®) renforcent significativement la réponse immunitaire chez les personnes de plus de 65 ans. Ces résultats se traduisent par de meilleurs indicateurs de santé, et les deux types de vaccins renforcés affichent un bénéfice similaire.

Une morbidité élevée

Les plus de 65 ans paient, disproportionnellement, un lourd tribut à l’influenza. Indépendamment de leur âge plus élevé, ils présentent aussi plus souvent des facteurs de risque de développer des formes sévères de la grippe. Quelque 90 % des décès liés à la grippe sont recensés au sein de cette population, ainsi qu’environ la moitié des hospitalisations imputables à l’infection.

Outre des complications aiguës, la grippe peut également dégrader durablement la qualité de vie après l’infection. Et ses conséquences à long terme dépassent le cadre respiratoire. La grippe peut ainsi aggraver des pathologies chroniques (dont le diabète et les affections cérébrovasculaires), mener à un déclin fonctionnel permanent et une perte d’autonomie, engendrer des complications cardiovasculaires (infarctus du myocarde, insuffisance cardiaque, myocardite aiguë, péricardite ou AVC). Le risque d’insuffisance cardiaque et de maladie coronaire ischémique en lien avec l’influenza augmente avec l'âge. Ce lien avec la grippe est souvent méconnu, ces complications sont donc probablement sous-estimées.

La vaccination constitue la meilleure stratégie de prévention contre les conséquences de la grippe. Pourtant, la plupart des pays européens n’atteignent pas le taux de couverture vaccinale recommandé par l’OMS (75 %). Ce taux avait momentanément progressé lors de la pandémie de covid-19 mais il a, ensuite, de nouveau chuté... La population semble moins motivée à se faire vacciner qu’auparavant. L’éducation demeure donc plus que jamais essentielle, tout comme la réduction des obstacles financiers ou logistiques. Une modélisation américaine a montré qu’une hausse de 20 % de la couverture vaccinale pourrait réduire le nombre d’hospitalisations liées à la grippe de plus d’un dixième, et celui des décès de 9 à 14 %.

« Chez les personnes âgées, la protection conférée par les vaccins antigrippaux classiques n’est pas optimale. »

Efficacité relative

Une meilleure couverture vaccinale profite déjà, en soi, à la collectivité : en réduisant la circulation du virus dans la société, on protège indirectement les plus fragiles (principe d’immunité de groupe). Toutefois, chez les personnes âgées, l’efficacité conférée par la vaccination standard est clairement sous-optimale. L’immunosénescence et l’« inflammaging » - cet état inflammatoire chronique de bas grade associé au vieillissement - contribuent à amoindrir la réponse immunitaire.

Des vaccins antigrippaux renforcés sont disponibles, dont celui avec l’adjuvant MF59, ou dotés d’une dose antigénique plus élevée [4], qui veillent à assurer une meilleure protection dans cette classe d’âge.

Quelques chiffres concernant l'efficacité relative des vaccins antigrippaux à dose élevée ou adjuvantés par rapport aux vaccins à dose standard ou sans adjuvant chez les personnes âgées. La « rVE » (relative Vaccine Efficacy) exprime le gain relatif d’efficacité d’un vaccin renforcé par rapport à un vaccin standard. Selon des données observationnelles américaines, la rVE des vaccins avec adjuvant (par rapport à la vaccination classique) atteint près de 24 % pour les consultations médicales liées à la grippe. Concernant les vaccins hautement dosés, l’étude danoise DanFlu-1 rapporte une rVE de 37 % pour les hospitalisations d’origine respiratoire.

L’efficacité des vaccins antigrippe est tributaire de la concordance entre les souches vaccinales et les virus circulants, qui mutent constamment. La protection conférée peut donc varier d’une année à l’autre. Le fait que les vaccins renforcés soient significativement plus performants peut constituer un argument supplémentaire pour convaincre les 65+ de se faire vacciner. Les vaccins renforcés peuvent toutefois s'accompagner d'un peu plus de réactions locales et générales, comme une douleur au point d'injection, de la fatigue ou des céphalées. Ces effets secondaires sont en général bénins et transitoires, aucun risque accru d’effets secondaires graves ou persistants n’a été observé.

Concrètement

Les vaccins classiques (Alpharix®, Influvac® et Vaxigrip® pour le marché belge) demeurent une option tout à fait valable après 65 ans. Néanmoins, lorsque c’est possible et conformément à l’avis du CSS, la préférence va aux vaccins renforcés.

Dans le système actuel de remboursement de l’Inami, seules certaines catégories bénéficient d’une prise en charge :

  • Efluelda® : les résidents en maison de repos dès 65 ans, et les personnes vivant à domicile à partir de 75 ans.
  • Fluad® : remboursement pour les 65+ présentant une indication médicale, lorsque le médecin juge l’utilisation d’un vaccin avec adjuvant nécessaire.

En l’absence de remboursement, le coût est d’environ 40 euros pour le premier, et de 30 euros pour le second.

La vaccination grippale doit idéalement débuter à la mi-octobre. La saison dure en moyenne 6 à 12 semaines ; la vaccination reste indiquée tant que le pic épidémique n’est pas atteint. La co-administration avec le vaccin covid-19 est sûre et efficace.

Références  

1. Gavazzi G, et al. Enhanced Influenza Vaccination for Older Adults in Europe. Expert Review of Vaccines (2025) ; 24(1):350-364.
2. Conseil supérieur de la santé (CSS). Vaccination contre la grippe saisonnière – Hiver 2025-2026. Bruxelles, juillet 2025. Avis n° 9879.
3. Emborg HD, et al. Enhanced influenza vaccines impact effectiveness in individuals aged 65 years and older, Denmark, 2024/25 influenza season. Euro Surveill (2025) ; 30(12):2500174.
4. Un vaccin antigrippal « haute dose » contient quatre fois plus d’antigène (60 µg) par souche virale.

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Écrit par Dre Hade Scheyving11 septembre 2025
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