Wallonie
Où en est la Vaccicard ?
Avec la disparition de la base fédérale Vaccinnet+ prévue en janvier 2026, la Wallonie accélère le développement de son carnet de vaccination électronique. L’avant-projet de décret Vaccicard, adopté en première lecture, doit permettre de rapatrier et sécuriser toutes les données vaccinales dans un coffre-fort numérique régional.

La pandémie de covid-19 a conduit à l’enregistrement massif des vaccinations dans Vaccinnet+, le système flamand élargi à l’échelle fédérale en situation d’urgence. Sa disparition programmée en janvier 2026 rend indispensable une solution durable pour conserver ces données. Le gouvernement wallon a choisi de renforcer la Vaccicard, un carnet de vaccination électronique déjà développé au niveau régional.
Adopté en première lecture le 17 avril 2025, l’avant-projet de décret vise à centraliser l’ensemble des informations vaccinales dans un coffre-fort numérique sécurisé. L’objectif est triple : « permettre aux bénéficiaires d’accéder à l’ensemble de leurs données vaccinales via un espace numérique unique, favoriser ainsi la continuité des soins et contribuer à une gestion publique plus efficace de la couverture vaccinale », rappelle le ministre wallon de la Santé, Yves Coppieters, dans sa réponse à une question parlementaire écrite.
Le nouveau cadre légal doit également standardiser l’enregistrement vaccinal selon les normes fédérales, assurer l’interopérabilité entre systèmes et garantir le respect du RGPD. Selon le gouvernement, cette centralisation doit faciliter à la fois le suivi individuel, l’accès citoyen à son historique vaccinal et l’exploitation statistique anonymisée des données pour orienter les politiques de santé publique.
L’avant-projet suit son cours
Après son adoption en première lecture, l’avant-projet Vaccicard a fait l’objet d’une série de consultations. « Nous avons déjà obtenu les avis favorables du Conseil économique, social et environnemental de Wallonie, du Conseil consultatif wallon des personnes en situation de handicap et de la fonction consultative du comité “Santé” », précise Yves Coppieters. Le texte a également été adapté sur la base de l’avis de Legisa, le service légistique du Gouvernement wallon. Un dernier avis, celui de l’Autorité de protection des données (APD), est attendu « au plus tard le 30 août 2025 ». À partir de là, le document poursuivra son parcours et sera soumis au Gouvernement en vue de son adoption en deuxième lecture.
Dans l’ensemble, les instances approuvent le projet et reconnaissent « l’intérêt d’un meilleur accès aux données de vaccination pour le citoyen, ainsi que l’utilité de ces données pour guider les politiques de santé publique ». Plusieurs réserves ont toutefois été formulées. Les avis insistent sur la nécessité de limiter l’accès aux données « aux professionnels de soins de santé justifiés », d’anticiper les risques liés à la fracture numérique, et de renforcer les garanties « en cas de problème technique ou violation de données ».
Parmi les autres points de vigilance figurent la question du respect du consentement des patients, l’accessibilité de la plateforme, la nécessité d’assurer une interopérabilité fluide avec les logiciels des prestataires de soins et l’accompagnement des médecins non informatisés. Les instances appellent également à clarifier le contrôle et les sanctions en cas de non-respect de l’obligation d’enregistrement vaccinal.
Calendrier, interopérabilité et communication
Le transfert des données covid-19 est déjà programmé. Elles seront rapatriées de Vaccinnet+ vers le coffre-fort régional entre le 6 janvier et le 28 février 2026. Sur le plan technique, un groupe de travail réunit les partenaires concernés afin de co-construire le protocole de transfert, et des tests seront menés pour s’assurer de la sécurité et de la confidentialité des données.
Niveau interopérabilité, la Vaccicard s’inscrit dans un projet qui rassemble la Région wallonne, Bruxelles et la Communauté germanophone, en convergence avec l’ONE et la Flandre. « Nous utilisons tous le même dataset de données (dataset vaccination) au niveau national, (…) et la même technologie, basée sur la norme FHIR », détaille le ministre. Les données issues du programme de vaccination de l’ONE viendront également alimenter le coffre-fort, afin que « l’ensemble des données de vaccination du citoyen, quel que soit son âge, soit regroupé ».
La communication vers les usagers, enfin, se fera en deux temps. D’abord, « un courrier sera envoyé fin 2025 aux associations de médecins et de pharmaciens pour les informer des implémentations réalisées directement dans leurs logiciels ». Ensuite, en 2026, une communication grand public informera les citoyens de « ces avancées majeures dans l’accès à leurs données de santé ».