Subsides au compte-gouttes
Bruxelles: le dépistage organisé du cancer en voie de rattrapage

Au printemps dernier, les Mutualités libres attiraient l’attention sur l’une des nombreuses conséquences, notamment dans le secteur de la santé, de l’absence de gouvernement régional de plein exercice à Bruxelles : le climat incertain en matière de prévention, en particulier en matière de dépistage du cancer. Quelle est la situation actuelle, à mi-parcours de l’année civile? Le point chez Bruprev.
Un programme de dépistage pourtant essentiel
« La crise politique bruxelloise n’est plus seulement une affaire institutionnelle, elle devient une affaire de santé publique », s’inquiétaient mi-avril les Mutualités libres, qui constataient que depuis le début de l’année, aucun Bruxellois ni Bruxelloise n’avait plus reçu d’invitation au dépistage organisé du cancer du sein (mammotest gratuit pour les femmes de 50 à 69 ans) et/ou du cancer colorectal (retrait du test gratuitement en pharmacie pour les 50-74 ans).
Faute de gouvernement régional bruxellois de plein exercice, de nombreux acteurs sont confrontés à une incertitude financière qui paralyse certaines actions, pourtant aussi indispensables que la sensibilisation au dépistage du cancer.
« Un cancer détecté précocement offre bien plus de chances de guérison, jusqu’à 90% dans le cas du cancer du côlon », rappelait alors l'Union nationale des Mutualités libres.
Par douzièmes provisoires
Quand les subsides sont quand même versés au secteur associatif, c’est au coup par coup, mettant tout le non-marchand sous pression, au point que plusieurs structures sont désormais en phase de licenciements de personnel – or, le secteur « représente 100.000 travailleurs, soit 27% de l’emploi à Bruxelles », rappelait la RTBF il y a quelques jours.
À cause du gouvernement en affaires courantes à Bruxelles depuis plus d’un an désormais, c’est via le système des douzièmes provisoires que les budgets sont alloués, au compte-gouttes donc, et sur base des montants 2024, donc hors indexation 2025. Une gestion à la petite semaine, qui met beaucoup de monde dans la tourmente, sans que le politique ne s'active pour trouver enfin une solution...
Bruprev tient la barre, tant bien que mal
C’est l’ASBL Bruprev qui assure la coordination des programmes de dépistage des cancers pour la Région de Bruxelles-Capitale
« Le gouvernement est toujours en affaire courantes. Les subsides de Bruprev sont délivrés par tranche, chaque fois sur décision du Collège réuni », détaille le Dr Jean-Benoît Burrion, directeur médical et coordinateur chez Bruprev. « Bruprev a ainsi reçu une première tranche de liquidités équivalente à 40% du budget de 2024. Une deuxième tranche, équivalente à 20% du budget 2024, devrait être versée avant la fin de ce mois d’août. À ces versements s'ajoutent la réception des soldes dus après le rapport financier de l'année 2024. »
"Bruprev a reçu une première tranche de liquidités
équivalente à 40% du budget de 2024."
En ‘bon père de famille’, Bruprev avait établi un plan de dépenses prioritaires en fonction des liquidités disponibles, dès le début de cette année. « Jusqu'à présent, ce plan a permis de procéder au rattrapage des invitations pour le dépistage du cancer du sein, et de sécuriser les invitations jusqu'à la fin de l'année », précise le médecin, « de procéder au rattrapage des envois de kits de dépistage du cancer colorectal au domicile des personnes éligibles et de les sécuriser pour toute l'année 2025. Enfin, de reconstituer les stocks de kits de dépistage du cancer colorectal pour garantir l'approvisionnement des pharmacies jusqu'à la fin de l'année 2025. »
Bruprev peut par ailleurs désormais relancer partiellement l'envoi des invitations pour le dépistage du cancer colorectal, et passer commande pour la constitution des stocks pour le début de l'année 2026.
« Par comparaison avec les chiffres de 2024 arrêtés au 31 juillet, le nombre d'examens de dépistage effectués en 2025 est de 3.265 pour le dépistage du cancer du sein (3.608 en 2024) et de 12.028 pour le dépistage colorectal (13.810 en 2024) », conclut le Dr Burrion.