Soins intégrés : où en est la Wallonie ?

Interrogé en commission, le ministre wallon de la Santé, Yves Coppieters, a reconnu un léger retard dans le déploiement du programme périnatal (les 1.000 premiers jours), dans le cadre du plan interfédéral pour les soins intégrés. La Wallonie devrait toutefois enclencher ses projets pilotes dès l’automne.

Laurent Zanella

Signé le 8 novembre 2023 par l’ensemble des entités du pays, le Plan interfédéral pour les soins intégrés a été publié au Moniteur belge le 26 février 2024. Il vise à articuler davantage les soins curatifs, préventifs et sociaux autour des territoires et des besoins de population, dans une logique de gouvernance partagée. En introduction de sa note de politique générale, le ministre fédéral Frank Vandenbroucke rappelait que « l’engagement dans une telle politique nécessite également une bonne coordination entre les gouvernements régionaux et fédéral afin de créer une base durable pour les soins intégrés en Belgique ».

Trois axes prioritaires ont été définis au niveau national : les 1 000 premiers jours de l’enfant, la prise en charge de la vulnérabilité, et la prévention de l’obésité infantile. Seul le premier axe a pour l’heure franchi le cap de l’opérationnalisation. « Le programme périnatal est en phase d’implémentation sur le terrain – je reconnais que l’on a quelques mois de retard –, tandis que les deux autres programmes sont en cours d’ajustement dans le cadre des travaux interfédéraux », a indiqué Yves Coppieters en commission Santé wallonne.

Une montée en puissance progressive en Wallonie

Sur le plan régional, le ministre a confirmé que le programme périnatal bénéficierait d’un cadre financier et organisationnel spécifique. « Le 27 septembre 2024, une convention a été signée entre l’Inami et l’Aviq », a-t-il précisé. Celle-ci encadre l’organisation et le financement du programme « Soins et accompagnement des femmes enceintes, des enfants et de la famille qui les entoure lors des premiers 1 000 jours », ainsi que les contributions de l’assurance maladie aux activités supplémentaires menées en Région wallonne.

Ce programme servira également de levier pour la future réforme de la première ligne. « L’implémentation de programmes de soins intégrés étant l’une des activités préalables qui permettra de définir le niveau méso – c’est-à-dire intermédiaire – de cette future réforme de la première ligne de soins », a expliqué le ministre.

La stratégie wallonne prévoit de tester ce niveau méso dès l’automne via des consortiums d’acteurs appelés à devenir les organisations locorégionales de santé (OLS). « La sélection de projets pilotes […] aura pour objectif de structurer progressivement le niveau méso via des consortiums d’acteurs transitoires, appelés à devenir les futures organisations locorégionales de santé – OLS –, avec un début des activités prévu en octobre 2025. »

Parallèlement, des coachs d’implémentation seront déployés dès septembre pour accompagner la mise en œuvre du programme périnatal. Un plan d’implémentation, associé à des logigrammes adaptables, est en cours d’élaboration sur la base de programmes internationaux.

Le dispositif reposera sur une équipe d’accompagnement pluridisciplinaire (Aviq, Horizys, ONE, Plateforme de première ligne, Born in Belgium Professionals, etc.), mobilisée pour garantir une mise en œuvre cohérente à l’échelle des territoires. Le ministre insiste sur l’objectif d’équité : « La méthodologie adoptée dans cette approche territoriale ainsi que l’utilisation du management populationnel comme outil d’aide à la décision doivent permettre de garantir l’équité territoriale dans l’accès aux soins et la prise en compte des spécificités wallonnes tout au long du processus. »