Prévention du VRS : une étude du KCE sur les deux produits disponibles
1er juillet 2025 - Le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) a réalisé une évaluation économique et une analyse du bénéfice de santé attendu pour chacun des deux produits disponibles pour prévenir les infections respiratoires à VRS chez les enfants de moins d'un an : le vaccin administré à la future maman en cours de grossesse et l'anticorps injecté au bébé. Si leur sécurité et leur efficacité étaient déjà établies, leur impact financier restait à clarifier.

La conclusion des experts du KCE est claire et nette : l’impact clinique des stratégies de prévention peut être substantiel, et c'est particulièrement vrai avec l’anticorps injectable. De plus, les deux produits assurent des stratégies de prévention génératrices d’économies ou à coût raisonnable. A condition, toutefois, de pouvoir renégocier les prix à la baisse avec le fabricant.
Le contexte
D'emblée le KCE rappelle que l’impact financier des infections à VRS est important : de l’ordre de 43 millions d’euros par an, rien qu’en coûts médicaux chez les petits de moins de 5 ans.
Deux formules prophylactiques sont disponibles en Belgique depuis peu : le vaccin Abrysvo® administré à la future maman au cours de la grossesse pour qu’elle transmette l’immunité à son bébé, et par ailleurs l'anticorps monoclonal Beyfortus®, injecté au nourrisson soit à la naissance, soit juste avant le début de la saison épidémique. Tous deux assurent une protection d’environ six mois contre les infections à VRS sévères et les hospitalisations associées.
L'anticorps avant/pendant l'épidémie
Le Conseil supérieur de la santé (CSS) avait rendu un avis dès 2023, mais il ne s’est pas prononcé sur le produit à privilégier, ni sur la stratégie d’immunisation optimale, ni sur les aspects financiers. L'étude du KCE entend combler ces lacunes. Le Centre fédéral s'est penché sur cinq stratégies d’immunisation:
1. Vaccination tout au long de l’année
2. Vaccination uniquement pour les naissances prévues au cours de l’épidémie
3. Anticorps à la naissance, tout au long de l’année
4. Anticorps à la naissance au cours de la saison épidémique uniquement
5. Anticorps à la naissance chez les bébés nés au cours de l’épidémie + 'rattrapage' juste avant le début de l’épidémie (septembre) pour les bébés nés le reste de l’année
=> "En termes de bénéfice de santé, les stratégies basées sur l’anticorps sont toutes plus efficaces que celles qui utilisent le vaccin", conclut le KCE, "en partie parce que l’anticorps lui-même offre une meilleure protection, en partie aussi parce qu’on s’attend à ce que le nombre d’enfants immunisés soit (nettement) plus élevé avec l’anticorps (90% du groupe visé) qu’avec le vaccin (40%)."
L’approche la plus efficace en termes de bénéfice de santé
est la stratégie 5, qui permet d’immuniser tous les bébés
avant ou pendant l’épidémie, au moment où c’est le plus nécessaire.
Efficace, mais (trop) cher...
L’anticorps coûte cependant très cher : 777,58 euros par dose, contre 186,01 euros pour le vaccin (sans compter les frais d’administration, de distribution, etc.). "Avec de tels prix, la stratégie 2 est la seule qui offre un rapport coût-efficacité susceptible d’être acceptable pour les pouvoirs publics", constate le KCE. Toutes les autres stratégies représenteraient un coût supplémentaire d’au moins 150.000 euros pour gagner une année de vie en bonne santé. "La stratégie 2 est toutefois la moins efficace en termes de bénéfice de santé..."
"Il est important que les coûts d’immunisation soient abaissés", recommande le KCE
Si le Beyfortus® coûte moins de 170 euros par dose (tout frais compris), la stratégie 5 sera préférentielle car elle est la plus efficace, tout en assurant que les coûts d’investissement soient égaux ou inférieurs aux montants économisés grâce aux traitements évités. On peut parler de « maître-choix ». Par contre, si le coût du Beyfortus® reste à 170 euros ou plus, c’est la stratégie 2 qui permettra un retour sur investissement au moins égal à la mise, pour autant que le coût de la vaccination soit de 160 euros par dose.
Lire le rapport en intégralité (en anglais)
Si les coûts se situent à d’autres niveaux que ceux présentés ci-dessus, la stratégie la plus coût-efficace dépendra des coûts respectifs des deux produits (tout frais compris). "Le rapport propose un outil qui permet de l’identifier facilement en fonction du montant que les pouvoirs publics sont disposés à payer pour une année de vie en bonne santé. Il reviendra aussi aux autorités de décider si l’impact budgétaire de la stratégie d’immunisation choisie est acceptable", concluent les experts.
Ces infos seront cruciales pour les différentes dommunautés - en charge de la prévention - pour élaborer leur programme. Elles intéressent aussi l’Inami pour fixer le remboursement définitif du Beyfortus® (actuellement remboursé pour les bébés nés à partir de 36 semaines de gestation dans le cadre d’une convention temporaire qui court jusqu’au 31 mai 2026).