Garder le cap…et le sens
Un avant-projet de loi, une rumeur de sanctions, un plafonnement des suppléments : il n’en fallait pas plus pour que la profession médicale s’échauffe – sur les réseaux d’abord, dans les communiqués ensuite. Pourtant, derrière ce tumulte bien réel, une nuance s’impose : non, tous les médecins ne brandissent pas des pancartes virtuelles. Une minorité est même sans doute d’accord avec la réforme du ministre – ce que l’intéressé sous-entend volontiers.
Le sondage que nous avons mené le prouve : une majorité n’a pas encore lu le texte en détail, mais chacun partage la même inquiétude : que la réforme touche à l’essentiel – la liberté de soigner et la reconnaissance d’un travail bien fait. Les réseaux ont amplifié la colère, parfois sans tout le contexte ; mais dans les réunions, la discussion a repris ses droits.
Face au ministre, les syndicats ont parlé d’une seule voix : oui à la réforme, mais pas sans garde-fous. Oui au dialogue, mais pas à n’importe quel prix. Et surtout : oui à la co-construction, pour éviter qu’un puzzle mal assemblé (et imposé) ne fragilise encore plus une première ligne déjà sous tension.
Frank Vandenbroucke, lui, joue cartes sur table. La nomenclature, les suppléments, le conventionnement : chaque pièce du puzzle a sa logique. Reste à trouver, ensemble, l’équilibre qui protège à la fois le patient et le médecin.
À l’heure où ces lignes paraissent, chacun sait que la balle est revenue sur le terrain syndical : propositions concrètes ou blocage ? Cette fois, personne ne veut d’un statu quo qui nourrirait la défiance. Ni d’une colère qui dégénère.
Pour le bien de la profession, pour la santé de tous, restons vigilants : garder le cap, c’est bien. Garder le sens, c’est mieux.