Le journal du medecin

Les cinq lignes rouges à ne pas franchir pour l'Absym-BVAS et le Cartel/ASGB

médecins fâchés
© Getty Images

Le programme de réforme du ministre de la Santé Frank Vandenbroucke contient un certain nombre de projets susceptibles de porter gravement atteinte aux intérêts des médecins... Les discussions à ce sujet avec le ministre sont particulièrement difficiles. L’Absym-BVAS et le Cartel/ASGB entendent adopter une attitude constructive, mais constatent que le ministre ne semble guère disposé à donner une chance sérieuse aux propositions des syndicats de médecins. Là où un dialogue devrait avoir lieu, nous nous heurtons à un monologue. C'est pourquoi les deux syndicats de médecins unissent leurs forces et, ensemble, formulent cinq lignes rouges qui doivent être respectées :

1. Pas de différence de traitement entre les médecins conventionnés et non conventionnés, à l'exception du statut social

L’Absym-BVAS et le Cartel/ASGB sont favorables à une modernisation du modèle de convention, pour autant qu'elle ne soit pas imposée unilatéralement. Le libre choix du médecin de se conventionner ou non doit être respecté. Les médecins qui se conventionnent peuvent – à juste titre – prétendre à un statut social plus avantageux. Ceux qui choisissent de ne pas se conventionner ne bénéficient pas de cet avantage. Sur ce point, nous sommes d'accord avec le ministre. Une revalorisation du statut social, en particulier pour les médecins en formation, semble être une piste importante.

 Nous nous opposons expressément à toute autre mesure qui limiterait la liberté de choix de se conventionner. Outre la sécurité tarifaire pour le patient, la force de la convention réside également dans la liberté pour le médecin de choisir de se conventionner ou non. Si cette liberté de choix n'est plus une liberté de choix équitable, le système perd toute sa force.

2. Pas de lien entre le financement public des syndicats de médecins et le degré de conventionnement de leurs membres

La proposition du ministre de lier le financement des syndicats de médecins au degré de conventionnement de leurs membres (c'est-à-dire à leur soumission à la volonté du ministre) va à l'encontre de la raison d'être d'un syndicat. Notre rôle et notre vocation sont d'offrir un contrepoids indépendant à la politique et de veiller à ce que la voix des médecins soit entendue. Les syndicats sont une force d'opposition, ils ne sont pas des béni-oui-oui ni de simples exécutants de la politique. Une telle condition au financement réduit au silence notre voix démocratique. De plus, notre voix critique émane du terrain et coûte moins cher que les consultants onéreux qui contribuent à l'élaboration de la politique de santé.

3. Pas de réforme du modèle de convention sans réforme de la nomenclature, du financement des hôpitaux, la co-gouvernance et l'introduction des pseudocodes

Une adaptation du modèle de la convention est inconcevable sans accord entre les médecins et les mutuelles, sans une réforme fondamentale préalable de la nomenclature et du financement des hôpitaux et sans l'introduction de pseudocodes garantissant un remboursement correct des frais. Ces réformes doivent être examinées conjointement, comme cela a toujours été promis. Nous disons clairement non à la tactique du ‘saucissonnage’ que le ministre semble vouloir adopter. Le puzzle doit être complet. Le puzzle que le ministre veut mettre en place ressemble à du gruyère et non à une image complètement réformée. Le modèle de convention ne peut fonctionner que s'il est perçu par le médecin comme un costume sur mesure, et non comme un carcan.

4. Pas d'extension aveugle de l'intervention majorée (IM) à 3,4 millions de Belges

Les patients en difficultés financières doivent être soutenus. Tout le monde en convient. Mais dans quelle mesure est-il crédible de supposer que 3,4 millions de Belges (près d'un concitoyen sur trois) se trouvent effectivement en difficulté financière ? À partir du 1er janvier 2026, c'est ce groupe qui pourra prétendre à une intervention majorée, si l'on y ajoute les malades chroniques : 3,4 millions de personnes. Le ministre Vandenbroucke et les mutuelles jouent à saint Nicolas avec l'argent des médecins.

Les 3,4 millions de personnes qui bénéficieront bientôt d'une intervention majorée paieront moins chez le médecin, mais elles continueront à payer l'intégralité de leur cotisation aux mutuelles auxquelles elles sont affiliées. C'est bien sûr très facile : mener une politique sociale et en faire supporter l'intégralité du coût aux prestataires de soins, tout en restant soi-même à l'abri. Cette inégalité doit être corrigée, et le groupe de patients ayant droit à une intervention majorée doit être ramené à une proportion réaliste. La grande majorité des médecins n'ont d'ailleurs aucun problème à ménager au maximum les patients financièrement vulnérables. Beaucoup de médecins renoncent au ticket modérateur pour cette catégorie de personnes, en particulier les médecins généralistes qui connaissent le mieux leurs patients. Le problème réside précisément dans l'extension de la sécurité sociale, rendant le système impossible à financer à long terme, les plus vulnérables étant ceux qui en pâtissent le plus.

5. Un point de contact pour les médecins qui abusent des certificats médicaux : pas de ligne téléphonique, pas de chasse aux sorcières

 Nous condamnons également les quelques personnes qui abusent du système, mais une ligne téléphonique pour les dénoncer n'est pas une option. Le débat doit porter sur la véritable fraude sociale, comme l'a indiqué le ministre lui-même. Nous veillerons à ce qu'il tienne parole. Dénoncer et sanctionner les médecins ne réduira pas le nombre de malades de longue durée. Un parcours bien pensé et adapté à chaque patient, oui. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités. 

" En résumé : nous voulons un dialogue, pas un diktat ! "

Nous nous opposons à la mise en œuvre unilatérale de politiques sans que la voix des médecins soit sérieusement entendue. L’ABSyM-BVAS et le Cartel/ASGB souhaitent contribuer de manière constructive à la politique de santé de demain et à des soins de qualité pour tous les Belges, mais nos propositions doivent être entendues et prises au sérieux.

AbsymSi les principes susmentionnés ne sont pas respectés, nous évoluerons vers une médecine d'État. Et cela ne convient pas ni à l’ABSyM-BVAS ni au Cartel/ASGB. L'exemple du Royaume-Uni nous enseigne que cela garantit des médecins démotivés, de longs délais d'attente et une baisse de la qualité des soins. 
En unissant nos forces, nous voulons imposer le respect du modèle de concertation. Nous continuerons à nous engager pour une rémunération équitable et correcte des médecins, des tarifs équitables pour les patients et nous voulons collaborer à des réformes qui soient soutenues, mûrement réfléchies et équitables. ASGB

 

Accès GRATUIT à l'article
ou
Faites un essai gratuit!Devenez un partenaire premium gratuit pendant un mois
et découvrez tous les avantages uniques que nous avons à vous offrir.
  • checknewsletter hebdomadaire avec des nouvelles de votre secteur
  • checkl'accès numérique à 35 revues spécialisées et à des aperçus du secteur financier
  • checkVos messages sur une sélection de sites web spécialisés
  • checkune visibilité maximale pour votre entreprise
Vous êtes déjà abonné? 
Écrit par Dr Johan Blanckaert (Absym-BVAS) & Dr Thomas Gevaert (Cartel/ASGB)
Magazine imprimé

Édition Récente

Lire la suite

Découvrez la dernière édition de notre magazine, qui regorge d'articles inspirants, d'analyses approfondies et de visuels époustouflants. Laissez-vous entraîner dans un voyage à travers les sujets les plus brûlants et les histoires que vous ne voudrez pas manquer.

Dans ce magazine