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Le langage des analystes financiers décrypté

L’investisseur lisant des commentaires boursiers et autres analyses d’actions est confronté à diverses expressions dont la signification n’est pas vraiment compliquée, mais pas expliquée non plus. Voici l’essentiel de ce qu’il faut savoir à propos de quelques termes, sigles ou ratios, à première comme à seconde vues.

Fluo vert mot EBIT dictionnaire
© Getty Images

C/B : le rapport cours-bénéfice. Mesure classique de la cherté d’une action. Voir P/E

EBIT : voir REBIT

EBITDA : c’est depuis de longues années le chouchou des analystes financiers, le chiffre fétiche qu’ils mettent en vedette dans leurs commentaires au sujet des résultats d’une entreprise. L’investisseur voulant les suivre ne peut donc passer à côté. Premier point : qu’est-ce que cela signifie ? C’est l’acronyme de Earnings Before Interest Taxes Depreciation and Amortization. Soit le bénéfice avant charge d’intérêts (sur la dette), impôts, dépréciations (sur un actif ayant perdu de sa valeur) et amortissements (sur les machines, les véhicules, etc.).

Il s’agit donc du bénéfice super-brut réalisé par l’entreprise, avant qu’il ne soit «pollué» par des éléments sans lien direct avec la bonne ou la mauvaise marche des affaires. Tous éléments, même les impôts, que l’entreprise peut influencer dans un sens ou dans l’autre, pour des raisons diverses. Le bénéfice net, lui, peut être «manipulé» et donner une image trompeuse. On affirmait du reste naguère que dans une société holding, dont l’activité consiste à gérer des participations dans d’autres entreprises, on établissait les comptes à l’envers : en partant du bénéfice net souhaité, on remontait dans les comptes de manière à y arriver !

L’EBITDA est souvent traduit en français… ou plutôt en franglais, par cash-flow brut d’exploitation (ou encore excédent brut d’exploitation en France), mais avec des nuances sur lesquelles on ne peut s’appesantir ici. Il reflète donc, sans «pollution» comptable, la marche des affaires durant un exercice donné et c’est ce que les investisseurs veulent savoir. De ce chiffre, on tire un ratio qui est suivi de très près, tout spécialement pour les entreprises technologiques en forte croissance et haute rentabilité : la marge d’EBITDA, exprimée en pourcentage du chiffre d’affaires (CA). Quand Nvidia, l’empereur des semi-conducteurs, a publié les résultats de son exercice 2024-2025 clôturé fin janvier, la donnée qui a le plus retenu l’attention des analystes fut la marge d’EBITDA prévue par l’entreprise pour le premier trimestre 2025 : 71 %, contre 73,5 % pour le trimestre précédant et une prévision des analystes de 72,2 %. Un tel niveau est mirobolant, mais en repli et en-dessous des prévisions, il fut inévitablement mal accueilli…

P/E : pour price/earning ratio, rapport cours-bénéfice (C/B) en français. C’est la mesure la plus classique de la cherté d’une action. Le rapport entre le cours d’une action et le bénéfice (par action, bien entendu !) réalisé par l’entreprise signifie très simplement pour l’actionnaire : combien de fois est-ce que je paye le bénéfice qui me revient, en tant qu’actionnaire, en achetant cette action ? Il va de soi que si ce rapport est de 10, cela signifie que l’action est beaucoup moins chère que s’il est de 25. A priori en tout cas. Le P/E est simple à calculer : le cours d’une action est disponible à tout moment, tandis que le bénéfice par action figure presque toujours dans les données chiffrées fournies par l’entreprise quand elle publie ses résultats…

… mais il s’agit par définition là du passé. Or, c’est en fonction de l’avenir qu’on achète une action. Pour connaître le bénéfice par action attendu pour l’année en cours, ou encore la suivante, il faut donc s’en remettre aux études réalisées par les analystes financiers. L’investisseur particulier dispose heureusement de précieux alliés, avec de nombreux sites Internet, en particulier ceux des banques et autres intermédiaires financiers en ligne, qui rassemblent les prévisions des analystes. Ou affichent même les P/E qui en découlent.

Les ratios P/E et C/B ne sont toutefois pas à prendre au pied de la lettre, ou dans l’absolu. Une entreprise cyclique, dont le bénéfice s’inscrit en montagnes russes, peut ainsi, dans une perspective historique, s’avérer très chère avec un P/E de 8 quand son bénéfice est très élevé. Elle pourrait par contre être jugée plutôt bon marché avec un P/E de 15 quand son bénéfice est très faible. La raison en est simple : le bénéfice très élevé va inévitablement fléchir, alors que le bénéfice très faible est en principe promis à grimper fortement quand la conjoncture sera meilleure.

Le P/E serait dès lors une notion fallacieuse ? Il doit en tout cas être interprété dans une perspective historique. Sauf dans une autre optique, où il est très souvent utilisé : comparer entre elles des entreprises assez semblables. Si l’action de la première affiche un P/E de 10, tandis que l’autre est à 15, on peut raisonnablement affirmer que la première est moins chère et que c’est elle qu’il faut acheter. Les analystes comparent souvent les entreprises d’un même secteur sur cette base. Quitte à ne pas perdre de vue certains éléments pouvant fausser le jugement.

PEG ratio : Le P/E doit idéalement, voire impérativement, se juger dans une perspective historique ? Oui, surtout pour une entreprise en forte croissance ! Avec un P/E de 12 par exemple, une entreprise dont le bénéfice augmente de 6 % par an sera clairement plus chère que celle dont la croissance bénéficiaire est de 12 % par an. C’est pour tenir compte de cela que l’on a imaginé le ratio PEG, avec la lettre G pour growth, la croissance. A priori très intéressant, le ratio PEG est très peu utilisé. On peut le trouver en cherchant sur Internet, mais il ne figure guère dans les analyses financières.

C’est en vérité assez compréhensible : pour que l’approche ait du sens, il faut quand même envisager au minimum les 5 prochaines années. Or, il est évident que les prévisions de bénéfice sont très aléatoires à une telle échéance. Surtout pour une entreprise en forte croissance, plus susceptible qu’une autre de rencontrer soudainement un ralentissement sensible.

L’exercice n’en reste pas moins intéressant et parfois très surprenant. Prenons à témoin Nvidia, le fabricant de ces semi-conducteurs indispensables à l’intelligence artificielle, super-vedette de la bourse américaine en 2024. A l’été 2024, presque au mieux de sa forme, l’action affichait un P/E de 70 ou même 85, suivant les sources (on ne peut jamais oublier que la finance boursière n’est pas une science exacte !). Contre un P/E de 28 pour l’indice S&P 500, qui illustre l’ensemble de la bourse américaine. Sur base d’un P/E de 85, l’action Nvidia était donc trois fois plus chère que l’ensemble du marché.

La croissance attendue de l’entreprise est toutefois très supérieure à la moyenne : on attendait par exemple un doublement du bénéfice par action entre 2025 et 2026. En tenant compte des attentes sur 5 ans formulées par les analystes, le ratio PEG de l’action Nvidia ressortissait alors à 1,5. Contre 4,4 pour l’indice S&P 500. De ce point de vue, l’action Nvidia était donc… trois fois moins chère que la moyenne. Assez bluffant, mais à prendre avec des pincettes, bien entendu.

REBIT : c’est une notion volontiers utilisée ces dernières années par certaines entreprises. L’EBIT est un bénéfice brut… mais moins brut que l’EBITDA, on l’a compris, puisqu’il élimine seulement les charges d’intérêt et les impôts. Une notion plus susceptible de fluctuations, donc, et c’est pourquoi ces entreprises ont choisi une version plus affinée de ce ratio en calculant un EBIT récurrent, c’est-à-dire qui élimine les éléments exceptionnels. Avec la première lettre du mot, cela donne donc REBIT. La notion est assez proche de ce qu’on appelait naguère le bénéfice courant. On réservera les astuces et détails aux comptables professionnels !

ytd : l’investisseur suivant la bourse de près, se délectant particulièrement de tableaux et graphiques illustrant les évolutions de cours, rencontrera fréquemment ces trois lettres qui signifient year to date, c’est-à-dire «depuis le début de l’année». Les graphiques disponibles sur Internet proposent en effet habituellement plusieurs durées, allant de 1 jour à 10 ans, voire «maximum». Soit dit en passant, ce dernier terme couvre en réalité une durée longue, mais remontant rarement à plus de 20 ans, même si l’action est cotée depuis un siècle. Un peu à la manière des alcools arborant la mention «hors d’âge»… Quoi qu’il en soit, la plupart des sites incluent aussi une durée ytd. Cette mention est souvent reprise aussi par les sites francophones, aussi vrai qu’elle ne prend guère de place sur un graphique et que «dda», pour «depuis le début de l’année», n’est pas du tout entré dans les mœurs…

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Écrit par Guy Legrand
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