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Transition numérique : comment mieux vivre le changement

Malorie Flahaux
© PPLW

DIGITALISATION

Le numérique promet de simplifier le quotidien des médecins mais, dans la pratique, il suscite souvent crispations, surcharge et perte de sens. « Je suis médecin, pas secrétaire », « Encore un outil qu’on ne m’a pas expliqué »… Ces réactions traduisent un mal-être légitime. Pourtant, certains leviers simples peuvent aider à franchir ce cap.

Lors de la journée d’échanges organisée début avril par la PPLW, Malorie Flahaux, spécialiste en gestion du changement, a distillé quelques conseils pour mieux vivre la digitalisation du métier, pour ceux qui auraient encore du mal avec cette entreprise démarrée il y a déjà quelques années. Pas de baguette magique ni de solution toute faite, mais une invitation à regarder le malaise autrement. « On pense souvent que les résistances au changement sont irrationnelles », dit-elle. « Mais elles sont profondément humaines, liées à des besoins psychologiques essentiels : statut, certitude, autonomie, lien social, équité. »

Comprendre les peurs, pas les nier

Chaque nouveauté réactive ces fragilités. D’abord, on remet en cause son statut : « Avant, j’étais experte sur notre ancien système. Maintenant je me retrouve à débuter, je perds une forme de légitimité. » Vient ensuite l’incertitude : « On ne sait même pas sur quel bouton cliquer. » Puis peut apparaître un problème d’autonomie : « On m’impose un nouvel outil, mais personne ne me demande mon avis. » Le sentiment d’équité est aussi souvent mis à mal : « Pourquoi moi ? Pourquoi pas les autres ? Je fais déjà le boulot de trois personnes. » Quant au lien social, il se délite : « Je me bloque sur un écran, je ne sais pas à qui m’adresser. »

Plutôt que de nier ces émotions, Malorie Flahaux invite à les reconnaître pour mieux les traverser. « Toute transition passe par une courbe émotionnelle proche de celle du deuil : déni, colère, marchandage, déprime, puis acceptation. » Le passage vers l’acceptation ne se décrète pas, mais peut être facilité. Notamment en redonnant du sens au changement : pourquoi ce nouvel outil ? Pour qui ? Avec quels bénéfices concrets pour le patient, pour le médecin ? Trop souvent, ces réponses manquent. « Un changement sans explication claire, c’est une menace. Le cerveau préfère l’ennui à l’inconnu. »

Redevenir acteur du changement

La conférencière encourage aussi à recréer du lien entre collègues. « Identifiez des ambassadeurs, valorisez les expertises humaines. Celui qui galère avec l’informatique est peut-être celui qui tient l’équipe ensemble par sa bienveillance ou son écoute. » Et à ne pas attendre tout d’en haut : « Même si je ne contrôle pas la décision, je peux choisir mon attitude. Je peux décider de l’accepter, et de redevenir acteur. »

Un dernier conseil : ne pas céder au cynisme. « Oui, la machine à café manque. Oui, les outils changent plus vite que les formations. Mais une équipe qui se parle, qui partage ses doutes et ses trouvailles, avance mieux. » L’objectif, in fine, est de faire du numérique un outil au service du soin, et non un obstacle au lien.

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Écrit par Laurent Zanella30 avril 2025

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