Supplément de vitamine D dans la maladie de covid-19 : utile et/ou sans danger ?

Plusieurs études d'observation réalisées au cours de l'année écoulée ont mis en évidence un lien possible entre un faible taux de vitamine D et une évolution plus sévère de la maladie de covid-19 (augmentation de la nécessité et de la durée de la ventilation mécanique et du décès). Cependant, les facteurs de risque des symptômes graves de la covid-19 sont les mêmes que ceux de la carence en vitamine D : un mauvais état de santé général, une alimentation inadéquate, l'âge avancé et des problèmes de santé préexistants tels que le diabète ou les maladies hépatiques et rénales.

Il est possible que ce ne soit pas la carence en vitamine D qui provoque les symptômes les plus graves de la covid-19, mais plutôt les facteurs de risque qui conduisent à une covid-19 plus grave. Cependant, la vitamine D joue également un rôle dans le système immunitaire et est importante pour la santé des os, des dents et des muscles, ainsi que pour la glycémie, le système cardiovasculaire et les systèmes pulmonaire et respiratoire. Le traitement à la vitamine D pourrait donc avoir un effet direct sur la gravité des symptômes de la covid-19.

Pour déterminer si le traitement à la vitamine D est efficace, une équipe d'auteurs a regroupé toutes les études d'intervention sur la supplémentation en vitamine D dans la covid-19. Ce type d'études permet d'établir une relation de cause à effet.

Critères de sélection des études

Cette analyse a porté sur des études d'intervention comparant la supplémentation en vitamine D à un placebo ou à un traitement standard chez des patients atteints de covid-19, indépendamment de la gravité de la maladie, de l'âge, du sexe ou de l'origine ethnique. La vitamine D pouvait être administrée sous n'importe quelle forme ou dose.

Résumé des résultats

La revue Cochrane a inclus trois études avec un total de 356 participants atteints de covid-19. Une étude a été menée au Brésil et les deux autres en Espagne. Tous les patients avaient un test PCR positif pour le covid-19. Deux études ont porté sur des patients atteints de covid-19 modérée ou sévère et une autre sur des patients atteints de covid-19 légère ou asymptomatique.

Patients atteints de covid-19 modérée ou sévère. Une étude a inclus des patients présentant une carence en vitamine D, tandis que le statut en vitamine D des participants à l'autre étude n'était pas connu. Dans une étude, les participants ont pris plusieurs doses de vitamine D sous forme de calcifédiol (par voie orale) les jours 1, 3 et 7, mais dans l'autre étude, une seule dose importante de vitamine D sous forme de cholécalciférol (par voie orale) a été prise au début de l'étude.

Nous ne savons pas si la vitamine D a un effet sur la mortalité car les deux études et les résultats sont très différents (preuves de très faible certitude). Dans une étude, aucun des 50 patients traités à la vitamine D n'est décédé et deux des 26 patients du groupe témoin sont décédés. Dans l'autre étude, il y a eu neuf décès dans le groupe traité à la vitamine D (119 participants) et six dans le groupe témoin (118 participants).

Une étude s'est intéressée à (l'aggravation de) l'état clinique des patients en fonction de la nécessité d'une ventilation mécanique. La supplémentation en vitamine D peut réduire le besoin de ventilation mécanique, mais les preuves sont incertaines (contrôle : 144 pour 1.000 vs vitamine D : 75 pour 1.000 (95%BI* : 35-163) ; 1 étude, 237 participants, preuves de faible certitude). Aucune étude n'a fait état de la qualité de vie.

Les effets secondaires graves n'ont pas non plus été signalés. Une seule étude a rapporté qu'un patient sur 119 traités à la vitamine D a vomi immédiatement après avoir pris de la vitamine D. Ainsi, nous ne savons pas si la vitamine D provoque des effets secondaires ou non (preuve de certitude très faible).

Patients atteints de covidie 19 asymptomatique ou légère. Dans la seule étude portant sur des patients présentant une carence en vitamine D et une covid-19 asymptomatique ou légère, les participants ont pris du cholécalciférol tous les jours pendant une période d'au moins 14 jours et sont passés à des doses hebdomadaires lorsque leur taux de vitamine D dépassait 50 ng/ml. L'étude n'a rapporté que des données sur la "clairance virale", les marqueurs inflammatoires et les taux de vitamine D, mais aucun des résultats clés sélectionnés par les auteurs de la revue. Aucun cas d'hypercalcémie n'a été signalé, mais il n'est pas clair si (et comment) les effets secondaires ont été enregistrés.

Il est possible que ce ne soit pas le faible taux de vitamine D qui provoque les symptômes les plus graves de la covid-19, mais plutôt les facteurs de risque qui conduisent à une covid-19 plus grave.

Conclusion

Les études disponibles sur l'effet de la vitamine D dans le traitement de la covid-19 n'ont pas pu fournir de preuves convaincantes d'effets positifs ou négatifs. En particulier, les effets potentiellement nocifs ont été mal mesurés et mal rapportés. Comme les auteurs de la revue ont déjà identifié 21 études en cours et 3 études terminées sans résultats rapportés, il est probable que les résultats de cette revue changeront à l'avenir. Les auteurs de la revue mettront donc régulièrement à jour cette revue, qui est une "revue systématique vivante". Les preuves scientifiques sont actuellement insuffisantes pour déterminer si la vitamine D est utile ou nuisible en tant que traitement de la covid-19.