Senologie

Octobre rose

Dépistage du cancer du sein : la Wallonie reste à la traîne

Malgré vingt ans de dépistage organisé, à peine 5 % des femmes wallonnes éligibles ont réalisé un mammotest en 2024, bien loin de l’objectif européen de 75 %. À la commission Santé du Parlement wallon, le ministre Yves Coppieters a reconnu la persistance de freins « bien ancrés chez les radiologues, gynécologues et généralistes », et annonce des pistes concrètes pour relancer la participation.

Salle de radiologie vide

Le cancer du sein reste, de loin, la première cause de cancer chez les femmes en Belgique. En 2023, 11.636 nouveaux cas ont été diagnostiqués dans le pays. Près d’une femme sur huit sera confrontée à la pathologie au cours de sa vie. Pourtant, le taux de participation au dépistage organisé demeure dramatiquement faible : 4,3 % des femmes invitées ont réalisé un mammotest en 2022, et 8 % en 2024, selon la députée socialiste Isabella Greco, qui regrette cette participation « désespérément en dessous des recommandations européennes fixant l’objectif à 75 % ».

Ce contraste interroge, d’autant que l’examen est simple, gratuit et accessible pour toutes les femmes âgées de 50 à 69 ans. Réalisé dans le cadre du programme coordonné par le Centre de coordination et de référence pour le dépistage des cancers (CCRef), le mammotest garantit une double lecture indépendante et un contrôle de qualité rigoureux.

« Ce n’est pas pour autant qu’il n’y a que 5 % de femmes dépistées », nuance le ministre wallon de la Santé, Yves Coppieters. « La majorité le sont via un dépistage opportuniste, bien présent et bien ancré dans les mentalités, mais hors du cadre de qualité du programme organisé. » En d’autres termes, le dépistage existe, mais il échappe largement au dispositif public de référence, fragilisant le suivi épidémiologique et la cohérence de la prévention à l’échelle régionale. 

Le problème, selon lui, n’est donc pas tant l’absence de dépistage que l’échec du programme organisé à s’imposer comme référence. Un constat partagé au Parlement : les campagnes de sensibilisation « Octobre rose » multiplient les initiatives locales, mais peinent encore à modifier les pratiques sur le terrain, chez les patientes comme chez les soignants.

Dépistage organisé vs opportuniste
Mammotest organisé (CCRef) : destiné aux femmes de 50 à 69 ans, tous les deux ans, gratuit, avec double lecture indépendante et invitation officielle.
Dépistage opportuniste : réalisé à l’initiative du gynécologue ou de la patiente, sans contrôle de qualité ni suivi centralisé, et parfois partiellement à charge.

En 2024, seules 8 % des femmes ont participé au dépistage organisé, contre près de 60 % via un dépistage opportuniste.

Les freins identifiés par le ministre

Pour Yves Coppieters, la faiblesse persistante du dépistage organisé ne s’explique pas par un manque d’intérêt du public, mais par des résistances structurelles au sein du corps médical. « Des freins persistent, à commencer par des habitudes et convictions bien ancrées chez les radiologues, gynécologues et médecins généralistes », estime l’expert en santé publique.

À cela s’ajoutent, selon le ministre, des aspects financiers, notamment chez certains sénologues, qui voient dans le dépistage organisé un modèle moins rémunérateur que le dépistage opportuniste. Le résultat, dit-il, est une confusion pour les patientes comme pour les professionnels, accompagnée d’examens « souvent inutiles, coûteux sur le plan financier, psychologiquement traumatisants et entraînant des conséquences environnementales ».

Yves Coppieters souligne les effets pervers de cette situation : une multiplication d’examens « souvent inutiles, coûteux sur le plan financier, psychologiquement traumatisants et entraînant des conséquences environnementales ». En d’autres termes, le recours excessif à des actes complémentaires – échographies, biopsies, analyses histologiques – pèse sur les patientes autant que sur le système.

Les pistes de relance à l’étude

Face à un dépistage organisé en perte de vitesse, Yves Coppieters mise sur une série d’ajustements. La principale mesure évoquée concerne l’envoi de convocations automatiques avec un rendez-vous prédéfini dans une unité de radiologie agréée, s’inspirant du modèle flamand. « La piste de l’envoi d’une convocation avec un rendez-vous prédéfini dans une unité de radiologie agréée – à l’instar de ce qui se fait en Flandre – est toujours à l’étude en termes de faisabilités technique et financière », précise le ministre.

Cette mesure, destinée à simplifier la démarche pour les femmes, vise aussi à limiter les pertes de suivi, même si Yves Coppieters reste prudent : un tel système pourrait entraîner « un trop grand nombre de rendez-vous non honorés » ou nécessiter « le développement d’un outil unique de prise de rendez-vous ».

Parallèlement, le ministre souhaite étendre géographiquement l’utilisation des unités mobiles, à l’image du Mammobus déjà actif en province de Liège. « Cela pourrait être une des stratégies décentralisées intéressantes », explique-t-il, soulignant l’intérêt particulier de cette approche pour la province du Luxembourg, où « les très longs délais de rendez-vous et les distances à parcourir ne motivent pas les femmes à se faire dépister ».

Autre chantier en cours : le futur Plan national cancer, attendu début 2026. Le ministre y voit une occasion de revoir les codes de nomenclature de la mammographie afin de mieux distinguer le dépistage asymptomatique du bilan sénologique, trop souvent confondus aujourd’hui.

Enfin, les députées ont appelé à renforcer la sensibilisation ciblée, en impliquant davantage les médecins généralistes et gynécologues dans la communication de terrain. « Étendre l’usage des unités mobiles et généraliser les convocations automatiques pourraient inverser la tendance », a insisté Isabella Greco, tout en rappelant la nécessité de garantir des moyens financiers à la hauteur des ambitions de santé publique.

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Geschreven door Laurent Zanella9 oktober 2025
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