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Plus de peur que de mal… avant un été chaud ?

La panique boursière entraînée par les droits de douane américains a rapidement fait place à un rebond de belle facture. Beaucoup n’osent pour autant prédire un été calme, compte tenu de l’agenda de Donald Trump et de ses caprices. Sans oublier l’alerte sur les Treasuries. Et voilà que la guerre Iran-Israël ouvre un nouveau front d’inquiétude… L’investisseur doit-il s’inquiéter ?

Vue Manhattan
© Getty Images

Comment ne pas se souvenir de ce bien mal nommé Liberation Day, lorsque le locataire de la Maison Blanche annonça des « droits de douane réciproques », dont le taux flamba un moment jusqu’à 145 % à l’égard de la Chine ? La bourse américaine perdit 11 % en deux jours, certaines vedettes souffrant bien plus encore. Apple dans le compartiment techno, avec -16 %, ou encore la banque JP Morgan, avec -17,5 %. De véritables krachs ! Le marché s’est globalement rétabli dès le mois de mai, de part et d’autre de l’Atlantique, la bourse de Bruxelles signant même de nouveaux records. Alertes et douches froides se sont toutefois succédé, de sorte que personne n’ose promettre un été serein pour les investisseurs.

Jolis rebonds… ou pas

Le krach de la première semaine d’avril fut assez rapidement effacé : l’indice S&P 500, mesure de la bourse américaine, avait déjà  retrouvé son niveau antérieur au bout d’un mois exactement. Une performance assez spectaculaire et pour le moins rassurante ! Un bémol toutefois : les écarts de performance sont considérables parmi les valeurs technologiques vedettes, ces fameux Magnificent 7, et certaines restent franchement à la traîne.

Pas de souci pour Microsoft et Meta, dont les cours furent dopés par d’excellents résultats trimestriels. Anciennement appelé Facebook, le groupe Meta, qui chapeaute aussi Instagram et WhatsApp, a notamment accru ses revenus publicitaires de 10 %. Rien d’extraordinaire à première vue ? Erreur ! C’est le double de ce qui était attendu par les analystes. Un investisseur ne peut l’oublier : une bonne nouvelle, ce n’est pas un bon chiffre, mais un chiffre supérieur aux attentes.

Autre chose à ne jamais oublier : pour atténuer son risque, il faut diversifier. La performance des grandes actions technologiques au cours des dernières semaines en offre une illustration convaincante. Après deux bons mois de rebond, l’écart enregistré depuis le début de l’année se présentait en effet comme suit pour le quintet vedette :

  • Meta : +14 %
  • Microsoft : +13,5 %
  • Nvidia : +3 %
  • Alphabet : -8 %
  • Apple : -19 %

La faute (indirecte) à la Chine

La performance de la super-vedette Nvidia, l’empereur des semi-conducteurs à usage de l’intelligence artificielle, peut étonner par sa modestie. D’autant que ses résultats trimestriels furent bien accueillis, malgré les réserves formulées par la direction pour le trimestre en cours. Par ailleurs, l’action a rebondi de plus de moitié depuis sont plancher du 4 avril, alors même que son repli était resté modéré. Oui, mais le 2 avril, à la veille du krach, l’action était déjà en chute de 26 % sur son sommet de début janvier. En cause : l’important frein à sa croissance que représente l’interdiction faite par Washington de vendre à la Chine ses puces les plus sophistiquées, à savoir les H20. Cette décision date du président Biden et n’a jusqu’ici pas été remise en cause par son successeur. Nvidia sortira en juillet une H20 « allégée » pour contourner cette interdiction, mais l’incertitude demeure… Cette surprenante leçon devrait peut-être figurer dans les guides d’investissement : être vraiment le meilleur dans votre domaine risque de se retourner contre vous !

Cette surprenante leçon devrait peut-être figurer dans les guides d’investissement : être vraiment le meilleur dans votre domaine risque de se retourner contre vous !

C’est également les problèmes liés à la Chine qui handicapent Apple, plus précisément les droits de douane frappant le made in China. Car si la firme à la pomme assemble aujourd’hui surtout en Inde, c’est bien de Chine que proviennent une foule de composants. Et voilà que Donald Trump en remet une couche en visant expressément Apple. Il menace ses iPhones d’une surtaxe de 25 % s’ils ne sont pas fabriqués aux États-Unis ! Il n’en est pas à une déclaration fracassante de plus… mais Apple se serait bien passé de cette contrariété supplémentaire.

Notons au passage que cette énorme diversité de performances se retrouve dans un tout autre secteur, à savoir le luxe. Naguère, il était souvent appréhendé comme assez homogène dans sa brillante croissance, ce qui n’est plus du tout le cas. D’abord, les valeurs européennes du luxe sont dans le rouge de quelque 5 % depuis le début de l’année, alors que l’indice global des bourses du vieux continent a progressé de 7 %. Ensuite, tandis qu’Hermès est stable, le géant LVMH est en chute de 27 % et le groupe Richemont en progrès de 21 %. Il s’agissait vraiment de ne pas se tromper dans ses choix !

Un été chaud ?

Si c’est l’apaisement qui prévaut sur le front des tarifs douaniers, en particulier suite à l’accord négocié avec Pékin (dont les détails sont toutefois très flous), des rebondissements ne sont pas exclus à brève échéance. Ainsi, la pause de 90 jours annoncée le 9 avril par Donald Trump prend-elle fin… le 8 juillet. Que concocte-t-il pour la suite ?

Le maître-mot reste la diversification, au niveau des secteurs comme des actions individuelles au sein de ceux-ci.

Sur un tout autre plan, le marché pourrait commencer à s’inquiéter de la révision à la baisse des perspectives de croissance économique, avec ce que cela implique pour les (profits des) entreprises. La Banque Mondiale, qui prévoyait jusqu’ici une croissance de 2,7 % pour l’ensemble du monde, pour 2025 comme pour 2026, a revu ce chiffre à la baisse, à 2,3 et 2,4 % respectivement. Pour les États-Unis, dont la « croissance » fut négative de -0,3 % au premier trimestre (mais pour des raisons largement techniques), l’institution vise à présent un progrès de 1,4 % à peine cette année, soit exactement la moitié de l’an dernier ! Et elle prévient que ce pourrait être moins encore en cas de forte hausse des tarifs douaniers, pour les États-Unis comme pour l’ensemble du monde.

L’investisseur peut-il se prémunir d’éventuels orages boursiers cet été ? Il est toujours possible de « prendre ses précautions » au moyen de produits dérivés qui s’apprécieront en cas de chute des marchés. Ceci suppose toutefois de surveiller ceux-ci de près. Pour investisseurs très actifs… Pour le reste, le maître-mot reste la diversification, au niveau des secteurs comme des actions individuelles au sein de ceux-ci. Les valeurs technologiques et du luxe en offrent une fameuse démonstration.

Et voilà venu le temps des stablecoins !

Les turbulences de ce printemps n’ont pas fait que des perdants. Le bitcoin a signé un record à près de 112.000 dollars peu avant la fin mai, avant de se replier. D’aucuns se demandent toutefois si l’avenir des crypto-monnaies très spéculatives (bitcoin et ethereum surtout) ne s’est pas un peu assombri avec l’avènement des stablecoins. Ils ne pèsent pas encore très lourd face au bitcoin, mais ils font beaucoup parler d’eux en ce moment. De quoi s’agit-il ? Le terme stablecoin désigne une crypto-monnaie adossée à un actif stable, tel le dollar ou l’euro. La différence est donc considérable avec le bitcoin et consorts : ces derniers sont des instruments de spéculation qui, en dépit de quelques exemples médiatisés ici et là, ne sont pas vraiment utilisés comme mode de paiement. Ce que l’on comprend aisément ! Avec un stablecoin lié au dollar ou à l’euro, la situation est complètement différente.

Deux éléments illustrent la crédibilité de ces crypto-monnaies d’un autre genre. D’une part, il en est aujourd’hui beaucoup question dans le discours des économistes, en lien avec la volonté des autorités américaines de chambouler l’ordre monétaire international, basé sur le dollar. D’autre part, une introduction en bourse (IPO) intervenue début juin aux États-Unis a fait sensation. En cause : la société Circle Internet Group. Elle est l’émettrice du stablecoin appelé USDC. Il est concurrent de l’USDT émis par la plateforme Téther, qui a déjà une notoriété certaine. Circle envisageait d’introduire sur le marché 26 millions d’actions au prix de 24 à 26 dollars. L’offre a finalement porté sur 34 millions de titres, au prix de 31 dollars. La direction de Circle avait en effet perçu un vif intérêt de la part des investisseurs… qui prit la forme d’une véritable ruée vers l’or. Le premier jour de cotation, l’action clôtura à 83,23 dollars, un envol de 168 % ! Une semaine plus tard, le cours dépassait 130 dollars.

La valeur totale des USDC est aujourd’hui de l’ordre de 60 milliards de dollars, celle des USDT dépassant les 150 milliards. Ces deux stablecoins ne pèsent donc, ensemble, qu’un dixième environ du bitcoin. Mais ce n’est peut-être qu’un début car, visiblement, certains y croient dur comme fer !

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Écrit par Guy Legrand
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